La lune de miel entre Washington et Tel-Aviv subit l'un des nuages les plus épais depuis l'agression contre Ghaza en décembre 2009. Les Etats-Unis sont touchés dans leur amour-propre de superpuissance à laquelle on doit respect et obéissance. L'annonce par Israël de la construction de 1600 logements juifs à Jérusalem-Est est ressentie comme une « insulte ». Le mot est peut-être euphémique, mais il est sorti de la bouche du bras droit du président Obama. Et cela donne de la température à la Maison-Blanche. Hier, ce principal conseiller du président américain s'est lâché sur le plateau de CNN. « Cette annonce a été vécue comme un affront par Washington », a-t-il reconnu. « Cela a été une insulte. Mais surtout, cela a sapé la très fragile tentative d'amener la paix au Proche-Orient », a précisé David Axelrod. Et d'ajouter : « Nous venons tout juste d'entamer des négociations indirectes. Nous faisons la navette entre les Palestiniens et les Israéliens. Et le fait que cette annonce intervienne à ce moment-là est très destructeur. » La cruauté du propos est à la mesure du camouflet essuyé en direct de Tel-Aviv, alors même que Joe Biden célébrait la veille la sainte alliance pour le meilleur et pour le pire entre les Etats-Unis et Israël. En effet, l'annonce d'Israël de construire de nouveaux logements juifs intervenue lors de la récente visite du vice-président américain, Joe Biden, dans la région. La super… impuissance Un « cadeau » qui s'est avéré empoisonné pour la superpuissance américaine ainsi blessée par un tir ami de bienvenue. La riposte US a été, certes, immédiate et diversifiée. Joe Biden a ainsi accusé le gouvernement israélien de « saper la confiance nécessaire à des négociations fructueuses » avec les Palestiniens. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, pourtant très douce dès qu'il s'agit d'Israël, a, elle aussi, qualifié l'attitude israélienne de « profondément négative » envers Washington. Et elle l'a dit de vive voix vendredi dernier au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qu'elle a eu au téléphone une heure durant. Mais le mal est fait et les Etats-Unis ont dû accuser le choc d'un tel crime de lèse-majesté. David Axelrod a estimé, sur CNN, que Netanyahu « avait reçu le message envoyé par Washington », comprendre la plainte. Pas si sûr. Le Premier ministre israélien a, certes, concédé hier : « A la lecture des journaux, je propose qu'on ne se laisse pas emporter et qu'on se calme. Nous savons traiter ce genre de situation avec sang-froid. » Mais les professions de foi n'engagent que ceux qui les croient. La preuve ? Israël a décidé hier de maintenir jusqu'à mardi minuit le bouclage total de la Cisjordanie occupée. Ce bouclage strict de la Cisjordanie, censé s'achever samedi à minuit, a été ordonné par le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, « pour motifs sécuritaires ». Autre signe que les récriminations américaines sont tombées dans l'oreille d'un sourd, l'accès à l'esplanade des Mosquées à El Qods occupée a été à nouveau interdit hier aux Palestiniens de moins de 50 ans, a annoncé la police d'occupation israélienne ! C'est dire qu'avec ou sans le parapluie US, Israël a compris qu'il ne risque rien, sinon quelques poussées d'adrénaline de responsables américains destinées à entretenir l'image d'un pays redresseur des torts. A tort…