Entre l'Administration Obama et le cabinet du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, c'est loin d'être la lune de miel. Et pour cause, la tension est montée d'un cran, hier, suite à la convocation par le département d'Etat américain de l'ambassadeur d'Israël à Washington pour protester contre la construction d'une première tranche de vingt logements dans le quartier arabe de Sheikh Jarrat à Jérusalem. La réaction de Tel-Aviv a été plutôt sèche à l'égard de l'allié US. « Nous n'acceptons pas que des juifs n'aient pas le droit de vivre et construire où que ce soit à Jérusalem-est », a tonné hier le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Et de hausser le ton contre l'Administration américaine : « De telles restrictions sont inadmissibles. » De fait, Washington et Tel-Aviv ne sont plus sur la même longueur d'onde depuis quelque temps. Israël a du mal à supporter l'attitude de Barack Obama qui a opéré une rupture avec le soutien sans réserve de son « ami » Bush. Depuis le fameux discours au Caire du président américain, dans lequel il a appelé à un gel total des colonies juives en Cisjordanie, l'establishment d'Israël a compris que l'axe Tel-Aviv - Washington commence à grincer. S'en est suivi l'annulation de la rencontre entre l'envoyé spécial d'Obama dans la région, George Mitchell et Netanyahu à Paris en juin dernier. Pour une fois, les observateurs s'accordent à relever une tension, ou tout au moins une discorde, entre Israël et les Etats-Unis. Autres temps, autres tons C'est, en effet, la première fois que les positions des deux pays s'entrechoquent sur des questions qui n'ont jamais suscité ne serait-ce qu'une remarque « sympathique » des prédécesseurs d'Obama. Cette fois, c'est le choc frontal entre une administration américaine qui veut remettre sur les rails le processus de paix conformément aux engagements d'Obama au Caire, et les dirigeants de l'extrême droites israélienne qui souhaitent jouir encore du traitement « préférentiel » de la part des Etats-Unis, quitte à tordre le cou aux droits de l'homme et au droit international. Et en la matière, ce sont les Etats-Unis qui se retrouvent devant le fait accompli avec un pays « ami » qui refuse obstinément de marcher « dans » sa feuille de route. Et c'est toute la « fierté » et la puissance morale de Washington qui sont remises entre guillemets dans cette affaire. Hillary Clinton, qui a cru bon d'ordonner aux Arabes de se rapprocher « ici et maintenant » d'Israël avec comme point d'orgue une « normalisation », n'a pas jugé utile de commenter hier au Pakistan, ce « bras d'honneur » de Netanyahu. Le fait est que le « gendarme du monde » se retrouve dans une position des plus inconfortables de ne pas pouvoir rappeler à l'ordre des dirigeants israéliens à qui il a lui-même appris l'arrogance. C'est un peu l'arroseur arrosé. L'habitude étant une seconde nature, il sera sans doute difficile pour Barack Obama de bousculer un ordre « américano-sioniste » bien établi depuis des décennies. Ces passes d'armes répétitives entre son administration et les dirigeants israéliens le prouvent dans une large mesure. Au-delà de ce projet controversé de construction de 20 logements juifs à Jérusalem-est qui a provoqué cette tension, c'est le style Obama qui pose problème en Israël. Ce dernier voudrait amener Tel-Aviv à consentir un minimum de concessions pour la paix au Proche-Orient afin de crédibiliser ses engagements vis-à-vis du monde musulman. Mais il se confirme que ce souhait est loin d'être partagé par les responsables de l'Etat hébreu. D'où l'intérêt de suivre l'évolution de ce bras de fer inédit.