Suite à des pourparlers diplomatiques entre New Delhi et Pékin, un «désengagement rapide» de troupes au Doklam «a été convenu et est actuellement en cours», a déclaré le ministère des Affaires étrangères indien dans un communiqué. Un peu plus tard dans la journée, la Chine s'est déclarée «satisfaite» que l'Inde accepte de retirer ses troupes de la zone frontalière en litige. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a confirmé que les soldats indiens se sont désengagés de la zone, et que les «troupes chinoises poursuivent leurs patrouilles du côté chinois de la frontière». Depuis mi-juin, soldats indiens et chinois se faisaient face sur le plateau montagneux du Doklam, qui assure la jonction entre les territoires indiens, chinois et bhoutanais. New Delhi y a envoyé des troupes pour former un barrage humain au chantier d'une route militaire chinoise. La Chine soutient que la construction de la route se déroule sur son territoire, mais l'Inde et le Bhoutan contestent cette revendication. New Delhi et Thimphou estiment que les travaux se situent en sol bhoutanais. Au-delà de la question de la souveraineté de la zone, une militarisation du plateau du Doklam par la Chine pose un problème stratégique à l'Inde. En effet, celui-ci est situé à quelques dizaines de kilomètres du corridor de Siliguri, une étroite bande de terre surnommée «Cou de poulet», qui est la seule jonction territoriale pour New Delhi entre les plaines du Nord et ses Etats du Nord-Est et constitue donc un point vulnérable sur le plan militaire. L'Inde et la Chine ont deux contentieux territoriaux majeurs. Dans le nord, au niveau du Ladakh, l'Inde revendique la région de l'Aksaï Chin contrôlée par la Chine. A l'est, Pékin ne reconnaît pas la souveraineté de l'Inde sur l'Arunachal Pradesh car elle le considère comme une partie du Sud-Tibet. Mi-août, soldats indiens et chinois se sont accrochés au Ladakh au cours d'un nouvel incident frontalier. Plusieurs différends En 1962, la Chine a infligé une défaite à l'Inde. Le conflit portait sur deux portions de la frontière : l'Aksai Chin à l'ouest et l'Arunachal Pradesh à l'est. L'Inde les considère comme partie intégrante de son territoire national en vertu de l'héritage frontalier légué par l'Empire britannique des Indes. La Chine, elle, récuse la légitimité de ces tracés «coloniaux» et estime que les deux zones sont une extension de ses régions du Tibet ou du Xinjiang. A l'issue de cette guerre, Pékin a imposé sa souveraineté sur l'Aksai Chin mais retire ses troupes de l'Arunachal Pradesh, permettant ainsi à New Delhi d'y rétablir sa tutelle. Depuis, le statu quo qui y prévaut empoisonne la relation bilatérale. La Chine a commencé à tisser ses liens avec le Pakistan, rival de l'Inde. Islamabad et New Delhi sont en conflit lié à la souveraineté sur le Cachemire. Nés de la sanglante partition de l'Empire britannique des Indes en août 1947, l'Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres depuis, dont deux pour le contrôle de la région himalayenne stratégique du Cachemire. En août 1947, des tribus pathanes venues du Pakistan pénètrent dans l'Etat de Jammu-et-Cachemire. Suit, début 1948, l'intervention des troupes pakistanaises. Se déclenche ainsi la première guerre entre les deux pays. Islamabad contrôle plus d'un tiers de l'Etat et New Delhi le reste du territoire. Le 1er janvier 1949, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies est signé un cessez-le-feu. En août-septembre 1965, les deux pays s'engagent dans leur deuxième guerre, perdue par le Pakistan. En 1971, le Pakistan oriental déclare son indépendance sous le nom de Bengladesh, occupé par l'armée pakistanaise. L'Inde soutient le Bangladesh et envoie des troupes. C'est la troisième guerre indo-pakistanaise. L'Inde l'emporte et le Pakistan reconnaîtra le Bangladesh l'année suivante. En juillet 1972, les deux belligérants s'accordent à trouver une solution pacifique au Cachemire. En 1989, le Front de libération du Jammu-et-Cachemire (UKLP), favorable à l'indépendance, et le Hezbul Mijahidin, revendiquant l'intégration au Pakistan, provoquent une insurrection réprimée par les forces indiennes. Face à la coopération multiforme entre Pékin et Islamabad, New Delhi développe des relations étroites avec des Etats d'Asie orientale eux aussi confronté aux ambitions territoriales de Pékin : le Japon , les Philippines et le Vietnam. En octobre 2011, l'Inde signe avec le Vietnam un accord relatif à l'exploration conjointe de deux blocs de pétrole et de gaz en mer de Chine méridionale. Pékin, qui revendique la souveraineté sur cette zone, s'en est irrité reprochant à New Delhi de ne pas lui avoir demandé d'autorisation pour explorer ces gisements.