Les bénéficiaires s'interrogent sur l'utilité de dépenser des milliards pour réaliser des locaux n'obéissant pas aux normes et, de surcroît, dépourvus des plus simples commodités. La situation dans laquelle se trouvent les 590 locaux à usage professionnel, réalisés sur les 1 200 unités inscrites au profit de la wilaya de Constantine dans le cadre du plan complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) 2005-2009, suscite toujours des interrogations, notamment sur la manière avec laquelle ils ont été construits. Alors que les services de la direction du logement et des équipements publics (DLEP) ne tarissent pas d'éloge sur ce projet de locaux « clés en main », au profit des universitaires et diplômés des centres de formation professionnelle, les bénéficiaires font de leur côté état d'importantes défaillances constatées dans ces constructions, réalisées hâtivement. Selon un P.V. de constat établi par un huissier de justice, dont une copie (avec photos) nous a été transmise, les piliers de bon nombre de locaux, à l'exemple de ceux situés à la cité Daksi Abdesselam, présentent des malfaçons. Des dégradations étaient déjà visibles lors de leur attribution, sans parler de gravats et d'ordures jonchant les escaliers et les galeries à l'extérieur et à l'intérieur de ces constructions. « Nous avons été également surpris par les dégâts constatés sur les conduits d'évacuation des eaux pluviales et d'assainissement, en plus des problèmes d'étanchéité qui nous ont causé des désagréments », relève l'un des bénéficiaires des 50 locaux de la cité Daksi. Ces attributaires, parmi lesquels figurent des ingénieurs en génie civil, soulèvent un autre souci de taille, relatif aux cloisons. « Elles sont très mal soudées ces cloisons, ce qui constitue un réel danger pour l'édifice », affirment-ils. Pour les concernés, il est inconcevable qu'un édifice réalisé sur deux niveaux soit toujours privé d'eau et de gaz, chose qui rend certaines activités pratiquement impossibles. « Je dois déplacer au quotidien des jerricans d'eau au 2ème étage où se trouve mon local », fait savoir un prothésiste dentaire. Les bénéficiaires souhaitent que la DLEP fassent un constat en concertation avec l'APC pour revoir la situation de ces locaux livrés sans assainissement ni voirie, et dont certains ont été saccagés. Le cas des 40 locaux sis à la cité Boudraâ Salah illustre bien l'échec de ce projet. Fait plus grave : le coût moyen d'un seul local a été estimé à 6 MDA (millions), selon des sources de la DLEP. Les concernés estiment qu' « il aurait été souhaitable de mettre à (leur) disposition des locaux appropriés aux besoins de l'activité de chacun, ce qui n'est pas le cas ». Ces derniers, d'une superficie jugée insignifiante, variant entre 19 à 28 m2, ne peuvent convenir à certains métiers. Ce qui a poussé de nombreux bénéficiaires à changer d'activité. Pis encore, certains de ces locaux, destinés au départ aux activités professionnelles, ont été détournés de leur vocation. Certains sont transformés en commerces d'habits traditionnels et autres vêtements pour enfants, et d'autres en épiceries. Ce qui donne matière à penser sur les procédés, qualifiés de « douteux », ayant été utilisés lors de leur attribution.