L'UFMC en a décidé ainsi, puisqu'il fallait le faire, d'opter pour une filière dont la conjoncture lui est très favorable. La modernisation de l'administration et sa numérisation offrent certaines perspectives pour cette formation diplômante. «Ce Master vise la promotion de la formation à distance en Algérie qui offre des perspectives nouvelles pour les fonctionnaires et les étudiants par le biais de l'acquisition de compétences dans le domaine de cette spécialité», a précisé le recteur, Abdelhamid Djekoun. Il faut rappeler que depuis deux ans, la modernisation de l'administration est inscrite en tant que stratégie gouvernementale. Le ministère de tutelle — celui de l'Intérieur et des Collectivités locales — conduit depuis une politique offensive pour dépoussiérer les services administratifs et instaurer des techniques modernes de gestion dans le but d'offrir une meilleure prestation. Ces nouveaux leviers ont impliqué non seulement l'acquisition d'équipements, mais aussi le recours à des ressources humaines. D'où l'entrée en course de la formation académique «pratique pour fournir des compétences pour l'administration, en matière de techniques administratives et électroniques», explique-t-on. L'institution universitaire a reçu 1200 candidatures, mais seule la moitié a été retenue pour cette première formation inédite, car les critères de sélection, s'ils ne sont pas fortement dissuasifs, demeurent toutefois drastiques. Le Master à distance a ciblé les étudiants détenteurs d'une licence en droit, systèmes LMD et classique, ayant des connaissances de base en droit administratif, droit constitutionnel, activités locales et administratives ainsi qu'en Fonction publique. «Cela touche plusieurs catégories professionnelles, il leur permet de gravir les échelons de la hiérarchie tout en restant actifs», est-il précisé. Au préalable, l'étudiant doit être équipé d'un ordinateur et d'une connexion internet. Les cours sont mis en ligne sur la plateforme d'enseignement à distance de l'université. Les compléments de cours et les devoirs sont accessibles sur cette même plateforme. En référence toujours aux informations officielles, la charge de travail est fixée à 14 heures par semaine, avec trois regroupements par an au sein du campus central de l'UFMC. La présence des étudiants étant obligatoire. Ce sont ainsi 645 étudiants qui ont entamé leur cursus de Master à distance. Lors d'une rencontre destinée à l'évaluation de l'expérience numérique de l'université, tenue récemment au campus des 500 places pédagogiques, un bilan a été présenté à cet effet. Il en ressort que l'ensemble des apprenants sont répartis sur le nord et le sud du pays, dont un Qatari et deux Tunisiens. «Ce cursus engage 16 tuteurs, 14 responsables de module, 4 responsables techniques, 1 ingénieur, 1 responsable de classe et 4 concepteurs», selon le rectorat. Le programme s'effectue sur 40 heures en moyenne. «L'unique désavantage de l'enseignement à distance est l'isolement que peut ressentir l'apprenant. Nous tenterons d'y remédier avec l'apprentissage collaboratif», a souligné un membre de l'équipe d'encadrement. Et à lui de rappeler que la mise en ligne des cours sur la plateforme ne peut avoir lieu qu'après validation par un second concepteur. Et partant, la relation entre enseignant et apprenant prend d'autres formes et appellations. «Tous ces aspects montrent bien qu'avec l'avènement du numérique et son utilisation dans la pédagogie, la relation entre l'enseignant et l'étudiant s'est complètement transformée, où l'enseignant est devenu un accompagnateur, un médiateur, un tuteur, un coordonnateur et l'étudiant un acteur de sa formation. Aussi, cette situation fait qu'aujourd'hui nous assistons à l'émergence de nouveaux métiers dans le monde de l'éducation en général et celui de l'enseignement supérieur en particulier. Métiers qui méritent d'être répertoriés, référencés et classés en tant que métiers du futur», a indiqué le recteur. Les examens qui sanctionnent cette première année du Master à distance s'effectueront le 29 septembre en cours. La rentrée pour les admis se fera en octobre prochain. Mais l'université Mentouri ne pense pas s'arrêter en si bon chemin. Pour la rentrée 2018/2019, elle projette de dispenser au moins deux autres Masters à distance. Le premier en «enquêtes judiciaires» au profit des éléments de la Sûreté nationale. Le second en ingénierie pédagogique. Celui-là sera destiné aux cadres de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. Il existe aussi des visées internationales avec une éventuelle introduction d'un Master international en gestion pour cette même prochaine rentrée universitaire.