La semaine dernière, le département des sciences économiques de l'université de Biskra, en collaboration avec la direction du tourisme, a organisé un colloque sur le thème des « Stratégies de développement du tourisme », auquel de nombreux étudiants ont assisté. Le constat est sans appel : l'Algérie a encore du pain sur la planche. En matière d'offre de produits touristiques diversifiés et de capacités hôtelières répondant aux critères internationaux, pour prétendre à une place parmi le gotha des pays touristiques, tout est à faire. Seulement 10% de ses infrastructures d'accueil et d'hébergement répondraient aux normes internationales. Le Dr Ali Rahal et le Pr. Amer Aissani, de l'université de Batna, l'ont parfaitement démontré dans une étude comparative, fort instructive et truffée de chiffres et de statistiques, des secteurs touristiques de l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, « des pays méditerranéens dont les similitudes culturelles, géographiques et climatiques en font des concurrents directs », ont-ils souligné. Développant les notions d'économie, d'industrie touristiques, et insistant sur le rôle crucial joué par le tourisme dans certains pays qui arrivent à en faire une source importante de revenus et de développement durable, les chercheurs ont mis en avant la nécessité d'envisager le tourisme moderne comme une « entreprise économique où rien ne doit être laissé au hasard et où l'originalité et l'authenticité des produits offerts sont déterminantes ». Des chiffres éloquents La France reçoit 50 millions de touristes par an. Les Allemands et les ressortissants des pays nordiques sont les plus grands consommateurs de voyages. Sachant que les pays du pourtour méditerranéen génèrent 30% de leurs revenus du tourisme, et que 260 millions de touristes ont sillonné le monde à la recherche de découvertes, de loisirs et de repos en 2006, et qu'ils seront 400 millions en 2020, tous les pays rêvent de bénéficier de la manne financière réalisée par ce secteur. Chacun planifie une stratégie pour attirer le plus grand nombre de visiteurs. Selon les universitaires, en 2011, l'Algérie disposera, selon les estimations les plus optimistes, d'une capacité hôtelière de 167 000 lits ; 2,5 millions de touristes y viendront essentiellement pour des randonnées et des séjours dans le Grand Sud. Même si ce chiffre passe à 3,1 millions et que celui des lits sera de 187 000 en 2013, faisant travailler quelque 400 000 individus, le secteur touristique algérien ne pourra supporter la comparaison avec l'Egypte qui escompte 12,5 millions de touristes en 2011 et 22,5 millions en 2017, et qui aura une capacité d'hébergement de 600 000 chambres de différentes catégories et des circuits touristiques rodés dégageant plus de 1,5 million de postes d'emploi. Le pays des pyramides et des pharaons sera le pays arabo-musulman le plus visité. La Tunisie qui disposera, en 2016, selon les projections des chercheurs, de 359 000 lits envisage de recevoir plus de 10 millions de touristes et embaucher dans le secteur du tourisme 594 000 travailleurs, restera un pays méditerranéen très visité. Deux millions d'Algériens s'y rendront pour des séjours estivaux. Ayant, ces vingt dernières années, perdu beaucoup de terrain dans la course aux ressources touristiques, l'Algérie rattrape, vaille que vaille, son immense retard dans un secteur où les potentialités existent indéniablement. Les chercheurs universitaires proposent, entre autres mesures devant rendre ses lettres de noblesse au tourisme algérien, et pour que ce secteur redevienne une source de richesse et de développement social et économique, de ne pas rejeter l'expérience des pays avancés dans ce domaine et d'ouvrir les portes du marché touristique algérien aux tours opérators et aux chaînes d'hôtels internationaux, de développer le tourisme interne des Algériens, de promouvoir les produits artisanaux et les métiers traditionnels, et d'encourager les jeunes à maîtriser les langues étrangères. La création d'une chaîne de télévision dédiée à la promotion de la « Destination Algérie » et l'ouverture d'une formation universitaire en LMD d'économie du tourisme, leur semblent être aussi des mesures intéressantes.