«Nous ne sommes pas encore au bout de la campagne de récolte pour pouvoir dresser un bilan définitif, mais d'ores et déjà, on s'achemine vers une récolte des plus chiches. Bien moins importante que celle de la saison écoulée, qui est pourtant à ranger aux oubliettes», soutient un paysan du village Alama, dans la commune de Chellata. Propriétaire d'un verger au village Ighil Oudlès, un citoyen d'Ouzellaguen estime que la situation évolue de mal en pis : «chaque année, nous perdons en quantité autant qu'en qualité. La présente campagne s'annonce maigrichonne, et les années à venir seront sans doute bien pires», conjecture-t-il. Le même constat d'amertume est dressé par un fellah de Tazmalt, lequel fait état d'un fort taux d'avortement, au tout début de l'été. «Les pluies n'étaient pas au rendez-vous à cette période charnière du cycle végétatif», dira-t-il. Notre interlocuteur évoque aussi l'abandon progressif de la pollinisation artificielle, si indispensable pour améliorer la production et optimiser les rendements. Or, cette pratique suppose la disponibilité du caprifiguier (figuier mâle), dont il subsiste très peu de spécimens dans les vergers. Même Béni Maouche, réputée pour être le fief de la figue, n'échappe pas à cette tendance. «D'année en année, il y a un net recul de la culture de la figue et du travail de la terre en général. Avec des vergers mal entretenus et qui s'amenuisent et des conditions climatiques hostiles, on ne peut pas espérer des miracles», dispose un jeune agriculteur du village Tizi Adjissa, qui nous confie tabler sur une récolte prévisionnelle en baisse par rapport à celle de l'année 2016. D'autres citoyens de la région rapportent avoir enregistré de la mortalité dans leurs vergers, en raison du dérèglement climatique qui apporte chaque année son pesant d'aléas. Le faible apport pluviométrique et les épisodes successifs de canicule mettent à rude épreuve les arbres adultes et compromettent la régénération des jeunes pousses, lesquelles meurent souvent avant d'avoir atteint le maximum de différenciation. La maladie causée par le capnode, un insecte ravageur, est aussi signalée dans nombre de localités de la vallée de la Soummam, où, déplore-t-on, elle a allégrement franchi le seuil de nuisibilité. Autant de contraintes qui se sont «liguées» pour tirer la production vers le bas et menacer dans ses fondements une culture qui se consume à petit feu. «L'avenir n'augure rien de bon. Il faut un miracle de la providence pour sauver cette culture de la disparition», subodore sur une pointe de dépit un sexagénaire d'Ouzellaguen.