Depuis une dizaine d'années, et de manière récurrente, un phénomène aussi inédit qu'insolite s'est fait jour dans la vallée de la Soummam. Des arbres qui «rêvent» de printemps à l'arrière-saison, c'est-à-dire à une période de l'année où d'ordinaire ils s'apprêtaient à se délester de leur «toison» verte, pour amorcer un long intermède de repos végétatif. Ce phénomène est perceptible depuis plusieurs semaines dans de nombreuses localités de la Soummam, que ce soit en haute montagne ou en vallée. Des vignes qui bourgeonnent, des grenadiers et des poiriers qui fleurissent, des figuiers qui fructifient. Et la liste est encore longue. «Pour la 3e année consécutive, je cueille des dizaines de figues de Barbarie dans mes champs. Les fruits arrivent à maturité à partir du mois d'octobre. En plein hiver, j'en ai encore de disponibles», témoigne un citoyen du village Boutagout, dans la commune d'Ouzellaguen. «Pendant la saison habituelle des récoltes, nous avons eu droit à une production dérisoire. La canicule et la sécheresse ont induit un avortement massif. Ce n'est qu'avec le retour du temps clément de cet automne que nous avons obtenu un simulacre de fructification», dira un fellah de Chellata. Un botaniste que nous avons entendue sur ce sujet évoque une relation de cause à effet entre le dérèglement climatique et ces manifestations. «Le bouleversement du climat, avec la hausse du mercure et la raréfaction des pluies, de même que le décalage des saisons, a induit un dérèglement de l'horloge biologique des espèces végétales. Ces changements climatiques génèrent le même effet sur les espèces faunistiques», explique-t-il.