En se rendant au port, où il visitera la gare maritime et le chantier de réhabilitation et de mise à niveau des infrastructures de base du port pétrolier, il est attendu sur le dossier de Cevital, dont la réalisation de son usine de trituration de graines oléagineuses bute toujours sur le refus de l'Entreprise portuaire (EPB) de réceptionner les navires transportant ses machines. Abdelghani Zaalane, qui a succédé à Boudjema Talai en mai dernier, est directement concerné par cette affaire, puisque le blocage se situe au niveau du transport, son champ de compétence. D'aucuns attendent qu'il s'exprime sur le bras de fer entre les deux parties. Sa visite est d'autant plus importante qu'elle est celle d'un membre du gouvernement d'Ahmed Ouyahia, qui avait trouvé injuste le blocage du projet de Cevital. Le ministre est interpellé sur le blocage de l'usine de trituration de Béjaïa au moment où un projet similaire avance au port de Djendjen. Ce sont deux usines de trituration de graines oléagineuses qui sont en train de sortir de terre. Selon l'annuaire statistique 2016 du port de Djendjen, ces deux usines ont une capacité de trois millions de tonnes par an. Le port a dégagé 16 ha à proximité de la gare maritime. Selon le même annuaire, l'une de ces deux usines est celle de Nutris, filiale du groupe Kouninef. Elle occupe en tout une superficie de 8 ha pour un trafic prévu de 1,5 million de tonnes par an et 1000 postes d'emploi directs à créer. L'investissement coûtera 14,9 milliards de dinars. Le groupe Sipaco s'engage pour la deuxième usine de trituration avec la même superficie dégagée à l'intérieur du port, avec possibilité d'extension, la même capacité de production et le même nombre d'emplois envisagés. Le montant de l'investissement est un peu plus important : 200 millions de dollars. Dans le périodique d'information du port de Djendjen (n°11 de 2015), le responsable de l'entreprise portuaire a déclaré que ces deux usines répondront «aux besoins nationaux et internationaux». Les «concessions ont été attribuées par le ministère des Transports en sa qualité d'autorité concédante à certains opérateurs dans le domaine de l'agroalimentaire notamment» peut-on lire sur la revue El Djazaïr.com (n°92 de novembre 2015). Très visibles sur le plan de masse du port, les deux projets ont bénéficié de toutes les facilitations qui leur permettront d'entrer en fonction et de «drainer un trafic important pour le port», un trafic qui atteindra «25 à 30 millions de tonnes/an à l'horizon 2030». Le sort inverse réservé au projet de Cevital, qui coûtera beaucoup moins que les deux usines réunies de Djendjen (moins de 50 millions de dollars), pour une production plus importante de 3,3 millions de tonnes de huile brute, fait voir «une politique de deux poids deux mesures». L'acquisition par Cevital d'un terrain à l'extérieur du port pour implanter son usine n'a pas servi à dénouer la situation. «Ce qui est valable, autorisé et encouragé à l'intérieur du port de Djendjen (à qui nous souhaitons prospérité et réussite), est interdit même à l'extérieur du port de Béjaïa», écrit d'ailleurs le comité de soutien à Cevital et aux investissements économiques de la wilaya. Que répondra Abdelghani Zaalane ? Joindra-t-il le geste à la parole d'Ouyahia ou, au contraire, le désavouera-t-il en confortant le directeur général du port dans sa démarche et autorisant tous les doutes ?