L'Agence d'amélioration et du développement du logement (AADL) a procédé, dans la discrétion la plus totale et sans en aviser les principaux concernés, à un changement dans la numérotation de deux immeubles à Bab Ezzouar site 1 (programme 2001). Les bâtiments en question qui, depuis le lancement des travaux, étaient inscrits sous les numéros 13 et 14 et dont les travaux sont à l'heure actuelle finalisés à hauteur de 98%, viennent d'être réenregistrés respectivement sous les numéros 16 et 32. Les travaux, pour ces deux derniers, n'ont pas encore démarré. Ils seraient à hauteur de 5% seulement. « Cela fait plus d'une année que nous suivons, pas à pas, la réalisation de cet immeuble », nous confient des bénéficiaires de cette formule, pour lesquels les décisions d'affectation à Bab Ezzouar I semblent se transformer en un véritable cauchemar. Selon eux, cette information a été tenue secrète au niveau de l'AADL et ce n'est que grâce à des « connaissances que nous avons pu découvrir la vérité ». Les bénéficiaires sont unanimes à relever le caractère illégal de cette opération. Ils ne vont pas par trente-six chemins pour pointer un doigt accusateur vers « certains cadres au sein de l'AADL » qui utilisent leur poste de responsabilité pour « favoriser leurs connaissances ». Avec un tel « remaniement », ce sont pas moins de 104 bénéficiaires, en attente de la livraison - avec l'impatience que l'on connaît - de leur logement (la remise des clés étant programmée en principe entre le 15 et le 30 août 2004), qui se retrouvent boudés. Nos interlocuteurs sont unanimes à déclarer que « la loi de la tchippa a de beaux jours devant elle » et que ce changement « n'est pas fortuit ». « Il faudra que nous sachions pour quelles raisons ces changements dans la numérotation des immeubles ont eu lieu et pourquoi l'AADL s'est confinée dans un silence inquiétant », soutiennent-ils. Pour la responsable de la communication de cet organisme, aucun changement dans la numérotation des bâtiments à Bab Ezzouar I n'a été effectué : « Il n'y a aucun changement dans la numérotation des immeubles. C'est impossible », a tenu à nous certifier Mme Bournane, chargée de la communication à l'AADL. Pourtant, lors de notre déplacement sur les lieux (sans toutefois décliner notre identité mais seulement celle d'un bénéficiaire détenteur d'une affectation au bâtiment n°13), le chef de projet du bureau d'études et de suivi au site Bab Ezzouar I confirmera le réenregistrement des deux immeubles : « Cela fait quelques semaines que nous avons reçu le nouveau plan de masse. Un réenregistrement des immeubles a été effectué, mais nous n'avons aucune information à fournir aux bénéficiaires sur les raisons qui ont poussé les responsables au niveau de l'AADL à procéder à ce changement », nous dit-il. En effet, avons-nous constaté, le nouveau plan de masse était bel et bien « visible » à l'intérieur du bureau de ce responsable alors que l'ancien plan était toujours « disponible » sur le site internet de cet organisme (www.aadl.com.dz). Les questions qui méritent réponses sont celles de savoir pour quelles raisons les responsables de l'AADL n'ont pas publié sur leur site internet le nouveau plan de masse et pourquoi les souscripteurs des bâtiments 13 et 14 n'ont pas été avertis par leurs services (ou par le biais de communiqués de presse) pour annoncer ce réenregistrement. « C'est de la hogra », lâchent ces bénéficiaires au bord de la déprime. « Nous n'avons jamais cessé d'espérer qu'un jour nous puissions bénéficier d'un toit. Et maintenant, nous découvrons une telle arnaque. Nous sommes dans l'obligation de patienter encore quelques mois ou peut-être quelques années. Mettez-vous seulement à notre place », disent-ils.