Des moudjahidine et acteurs de la révolution de Novembre ne cessent d'appeler à la réhabilitation du chahid Achiche Tahar, un des principaux artisans de la célèbre opération « L'Oiseau bleu » qui avait ébranlé les services secrets français par son cuisant échec et son retournement au profit de l'ALN qu'elle approvisionna en armes et en munitions. D'aucuns affirment sans ambages que le rôle de Achiche Tahar a été déterminant dans cette opération qui, durant plusieurs mois, permettait aux combattants de l'ALN de prendre possession de dizaines d'armes de guerre et de munitions livrées par les services français qui croyaient avoir constitué un contre maquis. En parfaite coordination, Ousmer, fonctionnaire à la DST, un Algérien acquis à la Révolution, était chargé d'établir de faux rapports et comptes rendus, Zaïdat s'occupait du recrutement et Achiche assurait la liaison et l'acheminement des armes vers les centres de transit. De supposés accrochages avec des troupes de l'ALN ont été imaginés pour ne pas éveiller les soupçons des services secrets français. Achiche Tahar a joué un rôle de courroie de transmission dans cette opération. Lors d'une conférence débat organisée en janvier dernier à Bouzeguène, des moudjahiddine et des historiens ont tenu à rendre hommage au chahid Tahar Achiche, victime de l'anathème. Achiche a été cité comme patriote et héros aux côtés de Zaidat et Yazouren dans le journal El Moudjahid en 1957, et aussi lors du séminaire tenu en 1984 sur l'écriture de l'histoire en présence de Yazourène, (dit Vrirouch), Ouamrane et d'autres acteurs de la Révolution. Reconnu chahid jusqu'en 1967 par le ministère des Moudjahiddine, une pension était attribuée à sa veuve avant qu'elle n'en soit privée. Le tort dont est victime le chahid est immense. Pendant que tous ses collaborateurs et amis sont reconnus et glorifiés, Achiche, lui, est poursuivi par l'ostracisme. Les langues commencent à se délier pour retracer les faits historiques et souligner le rôle joué par de nombreux patriotes.