«J'annonce ma démission du poste de Premier ministre», a déclaré S. Hariri, qui se trouve actuellement en Arabie saoudite, dans un discours retransmis par la chaîne satellitaire Al-Arabiya basée à Dubaïn. La démission intervient un an après sa nomination. Le puissant mouvement armé du Hezbollah chiite fait partie de son gouvernement. «Je sens que ma vie est visée», a-t-il dit, affirmant que le Liban vivait une situation similaire à celle qui prévalait avant l'assassinat en 2005 de son père Rafik Hariri, ex-Premier-ministre. Quatre membres du Hezbollah sont mis en cause dans ce meurtre qui a ébranlé le Liban. Il est le seul parti libanais à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990). Le Hezbollah refuse d'abandonner son arsenal. «L'Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région (…) Le Hezbollah est le bras de l'Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes», a dénoncé Hariri, un proche de Ryadh. Et «ces dernières décennies, le Hezbollah a imposé une situation de fait accompli par la force de ses armes», a-t-il ajouté. Comme il a accusé Téhéran d'avoir «créé un Etat dans l'Etat» et de vouloir «avoir le dernier mot dans les affaires du Liban » Le chef de l'Etat Michel Aoun va attendre le retour de Hariri pour s'informer auprès de lui «des circonstances de la démission afin de décider de la suite », a indiqué son bureau de presse. Une fois la démission acceptée par le président, le gouvernement Hariri gèrera les affaires courantes. Saâd Hariri, a été déjà Premier de 2009 à 2011. Un gouvernement de coalition qui a fini par s'écrouler suite à la démission des ministres du Hezbollah et de ses alliés. La crise gouvernementale est provoquée par le bras de fer engagé depuis des mois par le camp de Hariri soutenu par l'Occident et l'Arabie Saoudite et celui du parti chiite proche de la Syrie et de l'Iran. Et cela, sur la question du tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de Rafik Hariri en 2005. Assassinat dans lequel le parti chiite s'attend à être mis en cause. L'Occident, Ryadh et Israël ne souhaitent pas voir à la tête du gouvernement libanais un proche du Hezbollah. Ce qui à leur vision renforcera l'influence de Téhéran et de Damas dans la région. En novembre 2016, il revient au pouvoir mais ne réussit pas à neutraliser le Hezbollah. Sempiternelles vicissitudes Le Liban compte plus de 17 confessions religieuses, exploitées par les puissances étrangères au gré de leurs intérêts. Dans cet esprit, les maronites sont protégés par la France ; la Grande-Bretagne opte pour les druzes et la Russie pour les Grecs orthodoxes. En 1860, une révolte paysanne a dégénéré en guerre interconfessionnelle. Le sort des chrétiens a servi de prétexte à Napoléon III pour intervenir militairement dans le pays. A la fin de la Première Guerre mondiale, la France obtient, conformément aux accords Sykes-Picot, le contrôle du Grand-Liban dans ses frontières actuelles et consacre la domination des maronites. En 1926, le statut de communauté politique est accordé aux chiites qui, jusque-là, sont intégrés dans la sphère sunnite. Suite au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy cède ses conquêtes aux pays de l'Axe. Cependant, la Grande-Bretagne occupe la Syrie et le Liban en juillet 1941. L'indépendance du Liban, en novembre 1943, n'a été rendue possible qu'avec un accord non écrit qui consiste en un compromis entre les maronites et les sunnites. De par cet accord, les chrétiens renoncent à la protection française et acceptent l'indépendance. De leur côté, les musulmans abandonnent l'idée de l'unité arabe, à commencer par le projet de création de la Grande Syrie. Le nouvel Etat maintient le confessionnalisme. Cependant, en 1958 éclate la première guerre civile au Liban. En effet, le président libanais Camille Chamoun n'apprécie pas l'hostilité du président égyptien Gamal Abdel Nasser comme il est favorable à la création du pacte de Baghdad. Ainsi se sent-il menacé par la fondation de la République arabe unie (RAU) par l'Egypte et la Syrie, qui a gagné la sympathie des musulmans libanais. Eclate alors la première guerre civile libanaise qui voit le débarquement des marines américains à l'appel du président Chamoun. Le 13 avril 1975, un bus transportant des Palestiniens et des Libanais du camp de Sabra traverse la zone de Aïn Al Rammena sous contrôle des phalangistes. Des coups de feu ciblant le bus font 27 morts parmi les passagers. Les représailles provoquent la guerre civile. Les troupes syriennes interviennent au Liban en juin 1976 contre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Mouvement national libanais (MNL) à la demande président Frangié. Suivent en juillet 1981 la guerre israélo-palestinienne à la frontière libanaise et en juin 1982 l'invasion israélienne du Liban. En août de la même année, l'OLP entame, sous la protection de la Force multinationale l'évacuation de Beyrouth. Les événements se précipitent du 14 au 21 septembre:assassinat du nouveau président libanais Bechir Gemayel. Entrée des Israéliens à Beyrouth-Ouest, massacres dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila et élection d'Amine Gemayel à la présidence du Liban. En septembre 1988, la tentative pour trouver un successeur à Amine Gemayel échoue. Le Liban se retrouve avec deux gouvernements, l'un chrétien, dirigé par le général Michel Aoun et l'autre musulman, conduit par Selim Hoss, qui a succédé à Rachid Karamé, assassiné le 1er juin 1987. Le14 mars 1989, le général Michel Aoun « Guerre de libération» contre la Syrie. Et le 22 octobre les députés adoptent les «accords de Taëf» (Arabie saoudite) pour mettre fin à la guerre civile. En novembre est assassiné le nouveau président René Moawad, remplacé par Elias Hraoui. En octobre 1990, l'armée syrienne mène un assaut contre les troupes du général Aoun qui se réfugie en France. Le 6 septembre1992, sont organisées les élections législatives, boycottées par de nombreux mouvements chrétiens. Le Hezbollah, en sort victorieux et devient le premier parti politique du pays. Nabih Berri, chef du mouvement Amal, est élu président de l'Assemblée et Rafik Hariri devient premier ministre. Les troupes syriennes quittent le Liban en 2005.