Saâd Hariri Saâd Hariri a échappé à un attentat «opportunément déjoué», a rapporté Al-Arabiya. C'est à Beyrouth que «les malfaiteurs planifiaient de commettre leur acte criminel».»Les organisateurs de la tentative ont perturbé le fonctionnement des tours de surveillance au passage de son convoi», a-t-elle indiqué. La démission surprise du Premier ministre libanais Saâd Hariri, annoncée depuis l'Arabie saoudite, a retenti comme un coup de tonnerre dans le ciel du pays du Cèdre, faisant planer le spectre d'un retour au conflit qui avait profondément divisé le Liban pendant presque deux décennies. Proche de l'Arabie saoudite et adversaire déclaré du Hezbollah malgré la présence des représentants de cette formation chiite au sein du gouvernement qu'il dirigeait, Saâd Hariri a pointé un doigt accusateur sur le «travail de sape» que ce parti orchestrerait au point de rendre les équilibres issus de l'accord de Taef extrêmement fragiles. Tous les analystes s'accordent à dire que cette décision de Hariri va avoir des répercussions dramatiques sur le Liban, preuve qu'il ne s'agit pas là d'une nouvelle mini crise gouvernementales dans un pays qui en connaît des plus graves et surtout des plus répétées. Le fait que le Premier ministre sortant ait dénoncé «la mainmise» et «l'ingérence» de l'Iran, puissance tutélaire du Hezbollah censé être le cheval de Troie dans les affaires libanaises est en outre un facteur de rupture à la fois extrême et plus lourd de conséquences que ne saurait assumer un Liban confronté depuis quatre ans au moins à des turbulences politiques et confessionnelles qui n'en finissent pas. Saâd Hariri a visiblement cherché à «pourrir» une situation qu'il sait pertinemment ne pas pouvoir contrôler et avec son «coup politique» de la démission, il provoque sciemment une guerre froide dont nul ne sait quand elle dégénèrera en guerre civile alors que seul le Hezbollah est, de tous les partis libanais, une force aussi bien militaire que politique. Au lendemain de la guerre civile qui dura de 1975 à 1990, cette formation a en effet conservé son statut et ses moyens et ce sont ces attributs qui ont suscité les critiques, au cours des sept dernières années, avec l'engagement manifeste du Hezbollah dans la guerre contre le terrorisme en Syrie. La division entre le camp chiite et le reste des Libanais, sunnites et chrétiens confondus, est arrivée à un point de non-retour. Et ce qui se passe au Liban n'est que le reflet du bras de fer que se livrent, sur la scène du Moyen-Orient, l'Arabie saoudite et l'Iran, ce dernier ayant réussi une percée spectaculaire sur plusieurs fronts comme en Irak et au Yémen tout en sauvegardant la Syrie du président Bachar al Assad. C'est avec l'assassinat du père de Saâd Hariri, Rafik Hariri, en 2005, pour lequel le régime du président syrien Bachar al-Assâd a été pointé du doigt et cinq membres du Hezbollah mis en cause par un tribunal international que l'abcès a éclaté au grand jour. Il y eut, rappelons-le, plusieurs autres assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas, puis la guerre entre le Hezbollah et Israël qui dut se résoudre au retrait du territoire libanais occupé, et enfin une paralysie du Liban pendant plusieurs mois avant que ne soit trouvé un terrain d'entente précaire. Douze ans plus tard, on peut dire que le contexte n'a guère évolué et que tout le Liban est encore installé sur une poudrière. Saâd Hariri, qui le sait bien, n'a pas hésité cependant à agiter lors de l'annonce de sa démission la crainte d'être assassiné à son tour. Pourquoi? Par qui? Suivez son regard. Jamais la tension n'aura été aussi forte entre l'Arabie saoudite et l'Iran que depuis cette année, le contexte syro-irakien ayant largement contribué à la détérioration du climat politique et militaire des deux grands rivaux de la région. D'où le timing qualifié de surprenant, tout comme le lieu de l'annonce, alors qu'il n'en est rien si l'on considère les objectifs recherchés par le Premier ministre démissionnaire qui avait fini par se rallier au président Michel Aoun, contraint et forcé. Hariri veut en même temps disqualifier le gouvernement qu'il conduisait pour mettre à nu le Hezbollah devenu prédominant au point d'y dicter ses conditions et provoquer, au besoin, la rupture définitive entre les deux camps antagonistes pro-iranien et pro-saoudien. La confrontation directe entre les deux puissances régionales étant encore probable, il y trouverait matière à se positionner, anticipant le tournant. Sinon, il resterait à l'autre puissance qu'est Israël de rouvrir les hostilités avec un Hezbollah devenu par trop encombrant.