La pharmacie clinique s'est renforcée dernièrement grâce au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, suite à une réunion organisée le 26 juin 2017 par les conseils pédagogiques nationaux des spécialités de la chimie-thérapeutique et clinique, la pharmacologie-pharmaceutique et la toxicologie-pharmaceutique. Après les contestations de l'année passée des étudiants pharmaciens et la plateforme de revendications pédagogiques, comme l'augmentation du nombre de postes de résidanat dans les sciences pharmaceutiques et la création de services au niveau des CHU, qui touche la pharmacie-hospitalière, clinique, radio-pharmacie, pharmacie-oncologique, pharmaco-économie, et pharmaco-épidémiologie, parce que ces prestations hospitalières possèdent un dénominateur commun : le malade et le bien-être de la population. Dans la dénomination pharmacie-clinique, il existe le terme «clinique», qui signifie en grec «lit». C'est donc la «pharmacie au lit du patient», cette discipline est largement répandue dans les pays anglo-saxons, au Québec et dans d'autres pays arabes. L'instauration de nouveaux services hospitalo-universitaires a été discutée, argumentée et approuvée par les spécialités hospitalo-universitaires en sciences-pharmaceutiques, entre autres, la spécialité de chimie-thérapeutique, dite chimie-clinique et médicale. Et selon les spécialistes du médicament, les réclamations tournent autour de la pénurie chronique des services en pharmacie dans nos CHU. L'ouverture de la «pharmacie-clinique» témoigne de notre confiance quant à la capacité des spécialités concernées «chimie-thérapeutique et pharmacologie pharmaceutique», à concurrencer les activités thérapeutiques et hospitalières, ça témoigne également de l'importance que nous accordons à la santé publique du pays et au malade. La préoccupation des hospitalo-universitaires que nous sommes est de former un pharmacien-clinicien efficace et adapté aux besoins de la santé publique nationale, et si nous en croyons nos confrères prescripteurs, hospitaliers et biologistes-cliniciens, ce qui justifie et rend obligatoire la formation du pharmacien en pharmacie-clinique dans nos facultés de médecine. Les confrères et consœurs ont défini la pharmacie-clinique comme un service de santé qui assure l'innocuité et l'efficacité au niveau de la synthèse médicamenteuse, la délivrance, l'administration, l'usage du médicament et des accessoires. L'aspect de la pharmacie que l'on peut qualifier de «clinique», selon les (CPN), est la garantie, l'assurance, l'innocuité et l'efficacité dans la prescription du prescripteur, l'administration et l'usage thérapeutique. Cette «pharmacie-clinique», d'après les spécialistes, est un concept, ou une philosophie qui assure l'innocuité et l'usage approprié du médicament par le patient. Elle place son objectif, qui est de renforcer l'activité thérapeutique au niveau du patient et non pas au niveau de la molécule médicamenteuse. Il existe deux façons d'aborder ce problème : la première prend en considération la place actuelle de la molécule thérapeutique dans le traitement, tandis que la seconde envisage la pharmacie-clinique à partir de la formation et du rôle actuel du pharmacien. Des discussions scientifiques durant nos débats actuels dans toutes les facultés de médecine m'ont permis d'avoir une idée globale des problèmes que pose le médicament. Ces débats ont permis de constater que les prescriptions irrationnelles et les erreurs d'utilisation des médicaments coûtent au pays les yeux de la tête. Ces erreurs sont à l'origine de l'hospitalisation ou de la mort de plusieurs personnes en Algérie. par ailleurs, des études ont également été réalisées, afin d'évaluer les prescriptions médicamenteuses, les résultats sont très surprenants ! Puisqu'il a été constaté que 28% des ordonnances comportaient des erreurs, de plus 30% des préparations administrées par voie parentérale étaient erronées. Ces chiffres ont été cités pour que l'on puisse se rendre compte des problèmes actuels liés à des prescriptions à tort et à travers et l'usage des molécules. Ce qui nous incite à réfléchir sur la situation du médicament dans notre pays, qui souffre d'un manque de thérapeutes, de cadres médicaux et / ou les prescripteurs sont amenés souvent à ausculter, diagnostiquer et prescrire ! Pour une vision d'avenir en tant que thérapeute, je me révolte contre la voie qu'on empruntait, offusqué pour la spécialité de pharmacie et la manière avec laquelle elle se pratiquait ! De plus, le pharmacien s'isolait progressivement en se limitant à son rôle de «délivrance» de médicaments et était de plus en plus exclu des structures hospitalières entre autre les CHU et d'une manière générale coupé du patient. Il a perdu tout contact avec la pathologie, la biologie- clinique et les effets du médicament. N'oublions pas que l'enseignement de la pharmacie dans les facultés de médecine en Algérie est dispensé par des professeurs ayant souvent de hautes qualifications dans la transmission médicale et la recherche thérapeutique, mais qui sont complètement coupés de la réalité du patient, voire du système de la santé publique en général. Enfin, le rôle de la pharmacie-clinique se résume en quatre points : – Recueillir les informations sur le patient et la molécule thérapeutique – Contrôler, analyser et filtrer les prescriptions des prescripteurs – Surveiller la thérapeutique a) Son efficacité b) Ses effets secondaires c) Les interactions médicamenteuses • Ces interactions sont-elles dangereuses ? • Des précautions alimentaires doivent-elles être prises lors du traitement ? • S'il y a interaction significative, qui et comment contacter ? – Eduquer le patient et le personnel médical – Est-ce-que les substances administrées peuvent perturber les examens d'analyses médicales ? Est-ce-que les molécules administrées par voie parentérale sont compatibles entre elles ? Le problème de la prescription médicamenteuse a longtemps été posé en termes de privilèges, alors que le corps pharmaceutique demande le droit de prescrire uniquement pour les pharmaciens-cliniciens «pharmacie-clinique». D'un autre côté, nous constatons que des étudiants en graduation en médecine et sans expérience peuvent prescrire toutes sortes de médicaments, alors que la loi fixe les compétences scientifiques requises au docteur en pharmacie pour pouvoir prescrire et limiter le nombre de molécules thérapeutiques. Par conséquent, n'attendons pas que certains fassent à notre place ce que nous pouvons faire nous-mêmes hospitalo-universitaires avec notre compétence. Le ministère de l'Enseignement supérieur s'est engagé dernièrement à concrétiser dans les meilleurs délais les revendications des spécialités en sciences-pharmaceutiques jugées «très légitimes». En pratique, la chimie-thérapeutique, à titre d'exemple, se consomme comme un mariage d'amour entre prescripteur et patient. Au risque de déplaire aux partisans de la monogamie, je souhaite que le ministère de l'Enseignement supérieur participe à ce bonheur et que le témoin de ce nouveau «mariage tripartite»: (prescripteur, tutelle et la faculté de médecine) soit le département de Hasbellaoui et le Conseil de déontologie médicale. Bien que la chimie-thérapeutique est loin d'être une religion, nous sommes condamnés à vivre avec elle. Une spécialité qui s'intéresse essentiellement aux relations : structure-activité des molécules thérapeutiques. Quant aux spécialités hospitalo-universitaires en sciences-pharmaceutiques dans les hôpitaux universitaires, l'opacité chronique à caractériser leur gestion. Autant de questions sur lesquelles nous sommes appelés à réfléchir. Il ne suffit pas de vouloir agir, il faut d'abord savoir dans quel sens agir. Devenons-en «acteurs de la santé publique» avant qu'il ne soit trop tard ! (*)Président du Conseil régional de thérapeutique président du conseil scientifique du département de pharmacie /CHU Oran