Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux Anciens combattants (ce département relève du ministère de la Défense), déclare qu'il n'existe aucune discussion secrète entre Alger et Paris sur le dossier des harkis. Le problème est, pour lui, franco-français. Il est relevé qu'Alger refuse de moins de moins de visas aux harkis et que le refoulement aux frontières est devenue chose rare. Hamlaoui Mekachera est satisfait du vote par le Parlement, debut février 2005, de la loi relative à la reconnaissance par la France de « l'œuvre des rapatriés pour ce qu'ils ont bâti sur tous les continents, notamment en Indochine et en Afrique du Nord ». Ce texte prévoit des mesures spécifiques aux 13 000 harkis. Il s'agit, entre autres, d'une augmentation de l'allocation qui sera de 2800 euros par an et d'une indemnité compensatrice pour les anciens exilés politiques. Le ministre évoque également les nouvelles mesures pour les victimes, y compris civiles, de la guerre. « Ces victimes n'ont qu'à présenter des preuves et elles seront indemnisées », précise-t-il. Les pieds-noirs ? « Le temps est passé. La page est tournée », répond-il. Hamlaoui Mekachera insiste sur l'institution d'une fondation destinée à mener « une politique de mémoire » de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie. « Ce n'est pas une œuvre franco-française. Il est impératif que l'Algérie prenne part à cette fondation. Autant que le Tunisie et le Maroc », dit-il. « Il n'existe pas de quotas pour les visas. Il y a des critères liés à la délivrance de ce document », estime-t-on au Quai d'Orsay. On annonce la réouverture prochaine, une fois les travaux de réfection achevés, du consulat d'Oran. Le traité d'amitié, dont la date de signature n'est pas encore retenue et dont la gestion stratégique est supervisée par l'Elysée, consacrera « la rénovation » et « la relance » de la coopération militaire. L'armée française entend, dans le cadre de la politique européenne de défense, participer à la modernisation de l'ANP. Michèle-Alliot Marie, ministre de la Défense, avait évoqué cette question lors de sa visite, la première du genre depuis 1962, en juillet 2004 à Alger. On estime à Paris que le traité va « rapprocher » l'Algérie de l'OTAN. Sur ce plan, la France entre en concurrence directe avec les Etats-Unis. Washington s'est dit, à maintes reprises, disposé à « intéresser » Alger pour une coopération « intensive » avec l'OTAN. « Les Etats-Unis ne sont préoccupés que par la sécurité et l'énergie », souligne un responsable français.« On a conscience de l'intérêt américain pour la région du Maghreb. Il y a de la place pour tout le monde. Il y a plus de compétition et de complémentarité », déclare-t-on. Pour le Sahel, réputé zone d'influence de la France, on évoque la coopération avec Washington dans le cadre de la lutte antiterroriste. Les Etats-Unis ont lancé depuis des mois l'initiative Pan Sahel à travers laquelle des entraînements de militaires des pays de la région sont prévus. Le traité d'amitié permettra à l'Algérie, selon des responsables français, d'avoir un « partenariat privéligié » avec l'Europe. « Ce traité n'est pas symbolique », tient-on à dire. « Ce traité n'est pas conjoncturel (...) On ne va pas se contenter de relations intergouvernementales. On va élargir à la société civile et aux collectivités locales », explique-t-on encore.