Il ne s'agira donc pas, pour cette conférence, d'aborder les questions de colonisation. Hamlaoui Mekachera, le ministre délégué français aux Anciens combattants, a présenté, hier à la presse, les premières rencontres internationales sur la mémoire partagée qui se tiendront les 26 et 27 octobre à Paris. La France, dira-t-il, partage des pages d'Histoire avec de nombreux pays sur tous les continents. «Aujourd'hui, elle veut construire un avenir pacifique avec tous ces peuples.» La politique de mémoire partagée vise, selon le ministre, à établir ou à renforcer les liens avec ces Etats dans le domaine de la mémoire combattante. Comme on le constate, il ne s'agira donc pas, pour cette conférence internationale, d'aborder les questions de colonisation ou de victimes civiles de l'occupation française dans de nombreux pays. Autre objectif de cet événement, explique Mekachera, «encourager ensemble la transmission de ce passé commun vers les jeunes générations pour qu'elles aient connaissance et qu'elles en comprennent la signification». Le ministre rappellera que son département travaille sur ce concept de mémoire partagée depuis quelques années et a ainsi abouti à la signature d'accord avec un certain nombre de pays, dont le Maroc et la Tunisie. Cette coopération portera essentiellement sur les actions de reconnaissance et de réparation en direction des anciens combattants. Côté organisation, cette conférence internationale s'articulera autour de trois grands thèmes: de la reconnaissance à la réparation, faire vivre les traces du passé et témoigner pour l'avenir. L'allocution de clôture sera prononcée par la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Par ailleurs, bien que l'Algérie figure dans les pays participant à la conférence internationale, Hamlaoui Mekachera n'a pu confirmer son éventuelle participation. «J'ai envoyé mon directeur de cabinet inviter personnellement l'ambassadeur d'Algérie à Paris, mais il n'y a pas eu de réponse. J'ai aussi téléphoné mais, jusqu'à présent, toujours rien. Nous souhaitons vraiment que l'Algérie soit présente et ce serait un manque si elle est absente.» Questionné sur l'introduction dans les manuels scolaires du rôle des combattants algériens, il dira: «Je ne sais pas si on est mûr pour un manuel franco-algérien. Cela a été plus facile avec la Tunisie et le Maroc, mais avec l'Algérie, c'est très difficile.» Revenant sur la loi du 23 février dont l'article vantant les mérites de la colonisation avait suscité une vive polémique, il relèvera: «Dans cette loi personne n'a parlé de l'article qui préconise la création d'une fondation sur le Maghreb. Cet outil que je suis chargé de mettre en place, sera un espace pour tous les chercheurs et les historiens. Nous espérons que l'Histoire sera écrite par les acteurs des conflits et par les historiens.» Interrogé sur le devenir d'anciens combattants africains et maghrébins, toujours en situation irrégulière ou précaire en France, Mekachera répondra: «Ceux qui ont une carte d'ancien combattant, même s'ils ne sont pas français, ont droit à une carte de séjour privilégié.» S'agissant de la réparation, Mekachera affirme: «Nous n'avons pas agi de façon convenable, nous n'avons agi pour la cristallisation de ce que nous leur devons. C'est pour cela, qu'en 2002, leurs pensions ont été revalorisées une première fois. Nous avions alors utilisé la Charte de l'ONU sur la parité du pouvoir d'achat dans les 23 pays où se trouvent ces anciens combattants. Mais ce n'était pas assez audible politiquement surtout quand on fait la conversion en euros. Et donc le 14 juillet dernier, justice leur a été rendue par la revalorisation de leurs pensions. Certains vont voir cette pension augmenter de 1500%».