Le massif forestier le plus touché est celui du littoral, qui fait face à une réelle menace: l'abattage sauvage et clandestin des arbres, parfois centenaires, comme le genévrier et le rétame, à coups de tronçonneuses, persiste toujours, au risque de perturber l'équilibre écologique de la région. La forêt ciblée, entre autres, est celle de Chaïbia, qui longe la RN11, à quelque 15 km à l'est de Mostaganem. Sur ces lieux, on constate que même des espaces très accidentés, avec une pente supérieure à 25%, relevant du domaine forestier, viennent de subir une vaste opération de terrassement à l'aide d'engins. Cette zone est pourtant exposée au risque d'érosion et d'inondation. La forêt de Petit Port, dans la commune de Sidi Lakhdar, à quelque 500 m du port de pêche, subit un véritable massacre. Au pied des dunes, des individus ont abattu des dizaines d'arbres pour en faire une grande clairière dans le but d'une éventuelle exploitation de maraîchers et d'arboriculture fruitière. Sur les lieux, des troncs d'arbres sont dissimulés dans les buissons touffus avant d'être vendus aux charbonniers de la région. Les prédateurs du patrimoine public ne se sont pas arrêtés là, ils ont même entamé le forage d'un puits. Les troncs d'arbres abattus laissés sur les lieux témoignent du massacre que subit cette forêt millénaire. La forêt de Ghamra, située à quelque 8 km à l'est de Sidi Lakhdar, n'est pas épargnée non plus. Pis encore, des riverains ont accaparé des espaces forestiers se trouvant à proximité de leurs nouvelles constructions pour en faire des devantures ou jardins de manière illicite. «En s'attaquant aux forêts, on ne détruit pas que les arbres et les animaux qui la peuplent, mais aussi des écosystèmes complexes qui recyclent la matière organique et alimentent nos champs et nos rivières d'éléments nutritifs», s'insurgent des spécialistes. En effet, c'est un vrai désastre qui se dessine à l'horizon. «La situation que vivent nos forêts est de nature à provoquer, encore une fois, des dégâts sur l'écosystème en compromettant le sort des générations futures. Si les services concernés et de sécurité ne réagissent pas, avec le temps, les conséquences risquent d'être irrémédiables», déplorent de nombreux riverains. Des agriculteurs de la région, outrés et scandalisés par ce qui est devenu un massacre qui ne dit pas son nom, se disent inquiets actuellement du fait que tout le monde est au courant mais personne ne fait rien pour l'arrêter.