Les effluves de margines titillent agréablement les narines dans les localités de la vallée de la Soummam. Cette imprégnation olfactive est un signe qui ne trompe pas : nous sommes en pleine campagne oléicole. La récolte a été entamée dès la 2e décade de novembre dans la région de Sidi Aïch et au début de décembre dans la haute vallée de la Soummam. Globalement, et selon les échos recueillis, la situation se décline en termes de tassement du volume des récoltes et du déclin de la productivité. Etroitement dépendante de l'apport hydrique pluvial, l'oléiculture subit de plein fouet l'impact négatif de la sécheresse et de la hausse du mercure, nous fait-on savoir d'emblée. «Le bilan s'annonce historiquement bas. Alors que la trituration touche à sa fin, nous avons enregistré des rendements oscillant entre 11 et 16 litres par quintal. C'est pire que l'olivaison écoulée, qui est pourtant à mettre aux oubliettes», atteste le gérant d'une huilerie de Sidi Aïch. Dans la région de Seddouk, apprend-on, la productivité se jauge à des niveaux désespérément bas. «Le plafond ne dépasse pas les 25 litres au quintal, alors que d'ordinaire, on franchissait souvent la barre des 40 l/q. Les quantités d'olives récoltées ont également marqué le pas», souligne un exploitant de M'cisna. «La variété Azeradj, qui domine nos parcours oléicoles, est pourtant réputée pour sa forte concentration en huile. Cependant, les oliviers ont été durement affectés par le régime sec qui a sévi durant presque une année», renchérit un paysan de Biziou, dans la commune d'Amalou. Même Tazmalt, connue pour être l'un des fiefs de l'oléiculture, affiche un bilan tout aussi maigrichon, contrastant avec l'opulence des olivaisons passées. Alternance oblige, les performances fluctuent au gré des saisons, avec des variabilités inter-saisonnières plus ou moins marquées. Néanmoins, «le déclin pour le présent millésime est brutal et le manque à gagner considérable», constate un oléifacteur. «Les récoltes engrangées sont de 10 à 20% inférieures à celle de l'année dernière. Il y a des exploitants, comme moi, qui ont essuyé des pertes plus sévères», râle un citoyen du village Allaghan, qui nous fait part de ses espoirs déçus. Dans la commune d'Ighram, où les rendements ont aussi du mal à maintenir le cap, un sexagénaire estime que l'on n'est pas fondé à attendre des miracles, dans la mesure où l'olivier ne bénéficie plus des travaux de taille, d'élagage et d'apport en fertilisant, à même de booster la production. «Dans le temps, on bichonnait nos arbres à longueur d'année et on composait avec l'aléa climatique, sans faire la fine bouche. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, où les gens sont peu enclins à l'effort, mais prompts à se plaindre», dira-t-il, un tantinet flegmatique.