Les dirigeants de l'Union européenne se sont une nouvelle fois divisés hier sur l'opportunité de muscler leurs positions dans les négociations internationales sur le climat avec la menace d'instaurer une taxe carbone aux frontières. Le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, a appelé à « la fin de la naïveté de l'Europe » et plaidé pour utiliser cette menace comme arme de négociation après l'échec de la Conférence de Copenhague. Mais plusieurs dirigeants se sont dits sceptiques, a-t-on appris auprès des délégations. Le chancelier autrichien, Alfred Gusenbauer, a notamment estimé que « ce ne serait pas une bonne tactique de négociation ». « Le président de la Commission (José Manuel Barroso) a indiqué qu'il mettrait sur la table une proposition au mois de juin prochain (...), aucun pays ne s'est opposé à cette éventualité », a annoncé M. Sarkozy lors de sa conférence de presse. « Je pense que chacun considère aujourd'hui que la question d'un mécanisme d'adaptation aux frontières de l'Europe est un sujet incontournable et essentiel (...), je ne dis pas qu'on a gagné, mais c'est déjà ça. Quand on en parlait il y a quelques mois, le mot même était sulfureux », a-t-il dit. La Commission européenne doit faire un rapport au mois de juin sur les « fuites carbone », c'est-à-dire les secteurs industriels européens menacés de concurrence déloyale en cas d'échec des négociations internationales sur le climat. Mais aucune proposition n'est prévue, d'autant que le commissaire européen au commerce, Karel de Gucht, est opposé à toute mesure à caractère protectionniste. Le plan de lutte contre le réchauffement climatique, adopté par l'UE en 2008, prévoit la possibilité d'un mécanisme aux frontières. Appelé un temps « taxe carbone aux frontières », ce « mécanisme d'inclusion carbone » a été conçu comme un instrument anti-dumping pour éviter les délocalisations d'activités.