CBS, Hocine Boukella pour l'état civil, se joue de nos certitudes, se moque de notre confort, s'amuse à nous faire voyager. Le tournis assuré. Cheikh Sidi Bémol fait de nous des derviches tourneurs. Maximum respect Cheikh ! Jamais déçu par les virages de Cheikh Sidi Bémol. Ses albums doivent être remboursés par la sécurité sociale, tant ils nous libèrent de nos démons, tant ils nous apportent cette folie indispensable pour supporter le quotidien. Cheikh est notre psychanalyste préféré. Avec lui, pas besoin de s'allonger, bien au contraire. La scène comme thérapie. L'ironie pour langage. Une ironie douce, mélancolique. Faut avoir un cœur aussi gros qu'un porte-avions pour chanter Magali and Moqran, une histoire d'amour le jour de la Fête de la musique à Paris. Mokrane venait de Tizi, Magalie du Morbihan. Ma kayen walou kheir man l'amour. Iconoclaste notre Cheikh international, ses fetwas sont faites d'amour et de révolte. Déroutant aussi, et tant mieux. Pas de place pour le confort. Embarquer dans un album de CBS, c'est comme monter dans un avion dont on ne connaît pas la destination. Et ses aéroports de transit sont déjà des étapes pleines de surprises. Et que le voyage continue. Blues, rock, gnawi, chaâbi… Pourquoi chercher à tout prix une étiquette ? C'est du CBS, Cheikh Sidi Bémol. Un gage de qualité. L'univers de CBS est schizophrénique, multiple. Du pur gazouz tchina. On s'y délecte en s'y perdant. Et si on ne s'y retrouve pas, c'est que le voyage en valait la peine. Car derrière la fausse légèreté affichée se cache un homme profond, une musique recherchée, travaillée par un ciseleur perfectionniste qui s'amuse dans ses chansons à donner le vertige à ses auditeurs en jouant aux poupées russes, en cachant dans chacune d'elles des pépites très différentes, originales. CBS ne se laisse pas découvrir facilement. A écouter et réécouter pour en profiter pleinement. Aucun bémol pour cet album. Un direct Paris-Alger-Bouzeguène. Avec un plongeon à Azeffoun. Du groove, mon frère !