L'association culturelle Assirem de Berchiche 3, organisatrice de l'hommage, n'a pas omis de revisiter le parcours du défunt avec des conférences, représentation théâtrale et chants engagés. L'activité a connu l'inauguration de la salle des spectacles de la résidence au nom de Haroun. Le programme a été clôturé avec une visite au domicile du défunt pour se recueillir sur sa tombe, mardi dernier. Mohamed Haroun est né le 13 avril 1949 à Tifrit (Béjaïa). Il était le fils du sergent Tahar, tombé au Champ d'honneur en 1958, et de Bessaï Zahoua, morte dans un accident de la circulation en voulant rendre visite à son fils emprisonné à Lambèse. C'est l'un des premiers militants pour la cause berbère. Il est décédé le 22 mai 1996 à Akbou. Il commence son combat, d'abord identitaire, en étant maître d'internat au lycée de Dellys, où il essaie de sensibiliser les élèves sur la question des Berbères. Les professeurs, des coopérants égyptiens, se réunissent pour exiger son expulsion de l'établissement. Il participe à la création des revues Itij (Le soleil) et Taftilt (Eclat lumineux) en langue berbère. Après son arrestation le 5 janvier 1976, alors qu'il dînait au restaurant universitaire, Haroun passe en audience à la Cour de sûreté de l'Etat de Médéa le 2 mars 1976 où il écope de la réclusion à perpétuité, après deux mois d'interrogatoire. À l'issue de ce procès, il est transféré dans la prison de Tazoult Lambèse à Batna, où il passe 11 ans jusqu'au 5 mars 1987. Il racontera qu'il a subi des tortures et l'isolement. Il passe l'essentiel de son temps à étudier les langues et, secrètement, il continue ses recherches en linguistique berbère. Il écrit plusieurs poèmes dont Avrid n Tlelli (Le chemin de la liberté) et Monsieur le Président que Lounès Matoub a repris en chanson. Un brillant parcours, des études prometteuses, son itinéraire était parsemé de contraintes, car il combattait l'injustice qui l'a poussé à la révolte.