Le septième anniversaire du parti Jil Jadid, célébré hier à Alger, a été l'occasion pour des acteurs de divers horizons de faire un diagnostic sans concession de la situation générale du pays. Mais pas seulement. Les invités de Jil Jadid, dont Me Mustapha Bouchachi, ancien chef de gouvernement ; Ahmed Benbitour, ancien ministre ; Abdelaziz Rahabi, la constitutionnaliste Fatiha Benabou, le sociologue Nacer Djabi, l'avocat Abdelghani Badi et le journaliste Akram Khreif se sont succédé pour esquisser un tableau de la situation dans laquelle se trouve le pays à une année de la présidentielle de 2019. Dans des interventions complémentaires, ces acteurs chargent d'abord le régime, avant d'inviter toutes les forces vives du pays à faire leur autocritique et à agir ensemble pour le changement. Car, estime Mustapha Bouchachi, ce n'est pas seulement le régime qui assume la responsabilité de la situation actuelle. «Le pouvoir veut se maintenir. C'est de bonne guerre», lance-t-il, en paraphrasant Fatiha Benabou. Et d'ajouter : «Nous sommes contraints de réfléchir à une méthode qui nous permettra d'éviter la chute de l'Algérie. Malheureusement, nous avons régressé à tous les niveaux (…). Cette régression n'est pas seulement le résultat d'une mauvaise gestion, mais il y a un plan visant à casser le pays.» Quelle est la solution ? Pour Mustapha Bouchachi, la responsabilité «n'incombe pas seulement au régime et ses officines». «Nous aussi, en tant que société civile et classe politique, nous n'avons pas milité suffisamment. Nous devons lutter avec le peuple. Le régime utilise tous ses moyens pour se maintenir, mais s'il y a une communication directe avec le peuple, nous pourrons le contraindre à aller vers des réformes sérieuses. Seul un mouvement social fort et coordonné peut contraindre le régime à accepter une transition politique pacifique», explique-t-il, précisant qu'«il y a même des frères à l'intérieur du système qui souffrent de cette situation». Intervenant avant Me Bouchachi, Ahmed Benbitour et Abdelaziz Rahabi reviennent, respectivement, sur la perte de toutes les valeurs dans le pays et la crise de confiance qui s'est installée entre le pouvoir et la société. Les questions des libertés syndicales, les mouvements sociaux enregistrés en début de cette année ont été également au centre des interventions des invités de Jil Jadid. La question du 5e mandat du président Bouteflika est également évoquée à cette occasion par Fatiha Benabou qui a souligné «la problématique constitutionnelle qui suscite ce débat», d'autant plus que sur le plan de la loi, la prorogation du règne du chef de l'Etat «est illégale». A ce sujet, le président de Jil Jadid réitère son engagement à s'opposer au 5e mandat. «Si les tenants du pouvoir décident d'imposer un 5e mandat, je contesterai dans la rue, même si serai seul», déclare-t-il, en revenant longuement sur les propositions de son parti.