À l'occasion, un hommage a été rendu au bédéiste précurseur, Ahmed Haroun. Une pléiade d'artistes a pris part à l'événement, dont le bédéiste et caricaturiste Ghezali Nasredine. Pour lui, la BD se scinde en deux parties, l'humoristique et le réalisme. «J'ai toujours dessiné, et ce, depuis l'enfance. J'applique cet art pour communiquer mes idées, mes émotions, que ce soit avec la BD ou la caricature. En Algérie, elle est beaucoup plus utilisée pour se distraire, s'amuser. On peut l'utiliser comme moyen pour véhiculer des messages scientifiques et plein d'autres choses», explique-t-il. L'intérêt du public algérien pour la BD remonte à une époque lointaine. Avant même l'indépendance du pays. Cet intérêt est toujours porté par la jeune génération. «C'est l'art qui crée son public. Les Algériens lisaient déjà la BD à l'ère coloniale.» Même la gent féminine s'est investie dans l'univers de la bande dessinée. Fatiha Djaballah, originaire de Bouira, est elle aussi une fervente de cet art depuis son jeune âge. «Les bédéistes doivent aussi consacrer une partie de leurs travaux au volet éducatif, pour l'enfant. Ce salon était une occasion pour moi d'enrichir mon expérience à travers un contact direct avec des bédéistes de différentes régions du pays.» Un autre vétéran de la BD algérienne, Azouz Djaouti, qui est aussi sculpteur en bronze, était également présent. Ses débuts remontent au début des années 1980. Il a produit 3 albums en français et en tamazight. Il a collaboré avec plusieurs titres de journaux et revues, dont la toute première revue en tamazight ABC Amazigh. A l'époque, c'était en quelque sorte la BD «engagée» ou du «militantisme». «La BD, je l'ai dans le sang. Ce n'est pas dans le but de m'enrichir que je la fais, mais par amour et par militantisme. A travers la revue ABC Amazigh, j'ai sorti de l'anonymat des personnalités historiques berbères et aussi les contes et légendes. Parmi les gens qui ont aidé la revue, figure le célèbre Rouiched, Sas, Menad le joueur… malheureusement, depuis les années 2000, les journaux ont arrêté la BD», déplore-t-il. Au Salon de la BD, plusieurs maisons d'édition ont marqué leur présence. Z-Link est l'une d'elles. «Nous avons hérité du style franco-belge de la BD. Plus tard, les jeunes Algériens se sont familiarisés avec le Manga, à travers la télévision notamment. Notre souci est de toujours apporter la touche algérienne à cet art, notamment le Manga. Nous avons donné leur chance à 19 artistes bédéistes», dira le gérant de Z-link. Lazhari Labter, journaliste et écrivain, est revenu sur l'histoire de la BD algérienne lors de la conférence de clôture de l'événement. Après 10 ans de travail et de recherche, l'auteur publie : Panorama de la bande dessinée algérienne de 1969 à 2009. Le conférencier a évoqué les figures de proue de la BD algérienne, dont Mohamed Aram est le doyen, ainsi que les 4 personnages de la BD ayant connu un grand succès, à savoir M'Quidech, Richa, Bouzid et Zina. «La date de 1967 marque un tournant dans l'histoire de la BD algérienne. Mohamed Aram a publié, pour la première fois, une bande dessinée algérienne dans un journal algérien, Algérie Actualité, sous le titre Naâr, une sirène à Sidi Ferruch. Aram et ses amis ont décidé de créer une revue de la bande dessinée algérienne», explique Lazhari Labter.