L'absence d'une loi relative à la gouvernance d'entreprise crée des situations ambiguës. Du moins c'est ce qui ressort des communications présentées hier lors d'une conférence sur le code algérien de gouvernance d'entreprise, organisée par la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK) et la fondation Friedrich Naumann. « Il y a le code du commerce et la loi sur la Bourse. Un code de gouvernance devient nécessaire » pour pallier le vide juridique qui existe dans le domaine, a fait valoir Ali Harbi, consultant et coauteur du code algérien. « En Algérie, nous sommes dans une phase pédagogique avec une libre adhésion des entreprises », a-t-il souligné. La communauté d'affaires va évoluer vers un consensus sur la nécessité de mettre certains aspects dans une loi. « Ce n'est qu'une mise à niveau par rapport aux normes internationales », a relevé M. Harbi. L'adoption d'une telle démarche permettra aux entreprises de garder les meilleurs managers qui, au-delà d'une bonne rémunération, cherchent une protection devant des actionnaires qui peuvent avoir une attitude hégémonique. « Il y a un turnover terrible. Les grands managers ne restent pas dans les entreprises algériennes qui n'ont pas adhéré au code de gouvernance. C'est un problème de relation entre eux et les actionnaires », a fait remarquer l'expert. L'Algérie, a-t-il poursuivi, est arrivée à un stade crucial avec une moyenne d'âge des entreprises, notamment du secteur privé de 20 à 25 ans. Le problème de succession commence à se poser dans ces sociétés. « Il n'y a pas de planification des ressources. Il y a un vide juridique, voire des complications juridiques », a signalé le conférencier. Une étude du ministère des Finances a fait ressortir une conclusion préoccupante liée à la moyenne d'âge des membres des conseils d'administration qui serait élevée. Les entreprises concernées risquent de ce fait de se retrouver dans une situation de « trou d'air » en l'absence d'une relève administrative. Pour M. Harbi, certains articles du code du commerce peuvent prêter à équivoque. Il en est ainsi de celui relatif au conseil d'administration dont les membres, a-t-il précisé, doivent détenir au moins 20% du capital de l'entreprise. M. Harbi a évoqué également les contrats des managers qui « ne veulent rien dire » et « sont mal faits ». « Les contrats doivent concilier les intérêts des propriétaires et des managers », a-t-il dit à ce propos. Un code de gouvernance peut aussi contribuer à mettre en place « des mécanismes de contrôle internes » pour lutter contre la corruption, a-t-il ajouté.