Les pouvoirs publics opposent toujours une fin de non-recevoir aux doléances des industriels de la tomate. « Nous avons plaidé la cause des industriels auprès des banques et du ministère des Finances, sans résultat », a déploré jeudi dernier Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) lors de son intervention à l'occasion d'une journée d'étude sur la promotion de la tomate industrielle, organisée à Guelma par le groupe Benamor. M. Hamiani a invoqué, dans ce sens, les pertes de change dont sont victimes les transformateurs de la tomate. « Ce lourd passif a gêné énormément les transformateurs », dira-t-il. Plusieurs unités de transformation de la tomate fraîche, en particulier dans la région de l'extrême-Nord-Est (Annaba, El Tarf et Guelma), ont mis la clé sous le paillasson. Selon lui, le secteur de la tomate industrielle s'est désagrégé au fil des ans. « On est loin de la période où l'Algérie exportait de la tomate vers la Russie », affirme-t-il, en déplorant le recours à l'importation massive de double et triple concentré de tomates, notamment en provenance de Chine et de Tunisie. Fouad Brahim Benamor, gérant de la conserverie CAB, a noté que l'agriculteur reste le maillon faible de la chaîne. D'après lui, l'urgence aujourd'hui est d'encadrer l'agriculteur et le former aux différentes techniques de production. Une majeure partie des agriculteurs algériens continuent toujours d'utiliser des méthodes traditionnelles et archaïques de production. L'intervenant a beaucoup insisté sur le nécessité d'assainir les terres agricoles. « C'est une condition sine qua non. On ne peut pas continuer à travailler de cette manière. Beaucoup d'argent a été investi. On n'a pas encore dressé de bilan. Il faut libérer la terre. Celle-ci ne doit pas être délaissée », peste-t-il, en plaidant la régulation du marché et le renforcement de la relation professionnelle agriculteurs-industriels. En dix ans, la filière de la tomate industrielle a perdu quelque 25 000 ha de surface cultivable, passant de 32 000 à 7000 ha de 1998 à 2008, à en croire les chiffres rendus publics en février dernier par Mohamed Cherif Ould El Hocine, président de la Chambre nationale d'agriculture.