Connu pourtant pour ses prouesses à bien communiquer, Ahmed Ouyahia n'intervient – depuis sa nomination en novembre 2008 en qualité de Premier ministre – que rarement sur la scène publique. « En l'absence remarquable des interventions du Président, le Premier ministre est le plus indiqué pour donner plus de cohésion au discours de l'Etat », nous a confirmé hier un responsable à la présidence de la République. Quatre mois exactement se sont écoulés depuis la dernière conférence de presse qu'il a animée à l'issue des travaux de la tripartite. Ouyahia est loin d'être satisfait des sorties médiatiques des ministres du gouvernement qu'il dirige. « Souvent, il devient furieux quand il apprend qu'un ministre a fait une déclaration inopportune, mais n'y peut rien en fin de compte », assure un de ses collaborateurs. Le Premier ministre se retrouve alors « ferré » et ne disposant que de peu de marge de manœuvre face à des ministres dont le chef de l'etat détient, de par la Constitution, le pouvoir de nommer au sein du gouvernement. Or, l'opinion publique s'interroge pourquoi Ouyahia, qui ne manque pas de carrure politique, n'ose pas intervenir plus fréquemment au plan médiatique en tant que Premier ministre. « Il faut se rappeler que Ouyahia a toujours déclaré qu'il ne se présentera jamais dans une élection présidentielle contre Bouteflika. C'est une indication de taille dans la situation actuelle », précise un ex-chef du gouvernement. Il se trouve également que la Constitution dispose que le président de la République est le chef de l'Exécutif. « Cette Constitution, conférant un rôle central dans la gestion des affaires du pays au Président, a été pensée et voulue du temps où Bouteflika jouissait de toutes ses capacités physiques et, du coup, on se retrouve à subir l'impasse actuelle », rappelle un ex-fonctionnaire au Conseil constitutionnel.