A chaque grosse précipitation, la population est soumise aux affres des coupures récurrentes d'eau, qui durent, en l'absence d'une communication suffisante des services concernés. Il ne se passe pas un hiver sans qu'une conduite principale d'eau potable rompe. Cela s'explique incontestablement par la vulnérabilité de ces ouvrages hydrauliques longeant les oueds. Lors des intempéries, les crues déstabilisent les canalisations avant de les arracher. La réparation dure, dans ces conditions, plusieurs jours. La fréquence de ces ruptures renseigne également sur le laisser-aller des autorités, qui n'ont mis au point aucun programme de consolidation ou de déplacement des principaux transferts depuis des années que ces ruptures persistent, se contentant de remplacer des «manchettes défectueuses» à chaque incident. Les pluies diluviennes qui s'abattent chaque année sur Béjaïa occasionnent des dégâts importants sur le réseau AEP. En mars 2018, la ville du chef-lieu et celle de Tichy ont passé trois jours sans eau potable à cause de la rupture d'une canalisation principale les alimentant depuis la source bleue de Kherrata, après la crue de l'oued Agrioune. Le même mois, mais cette fois en 2015, les habitants des communes de la daïra de Béjaïa, ainsi que ceux des communes de l'intérieur de la wilaya, comme El Kseur et Sidi Aïch, ont dû patienter plus d'une semaine avant de voir les conduites alimentant ces localités depuis Tichy-haf et la source bleue réhabilitées. Les eaux des oueds déchaînés par de fortes chutes de pluie ont provoqué des dégâts importants sur ces ouvrages hydrauliques. Cette année, la même conduite de 700 mm qui alimente la côte est de la wilaya et la ville de Béjaïa depuis la source bleue est rompue une nouvelle fois à cause de la crue de l'oued Aguerioune. L'intervention sur les dommages est quasi impossible avant la décrue, selon le chargé de la communication de l'ADE. Au niveau de l'oued Ghir, la rupture de la conduite de 1m a été provoquée par un engin mécanique, selon des sources officielles, alors que le canal se trouve à 8 mètres de profondeur. Une énigme! Sur le plan social, cela engendre beaucoup de désagréments à la population locale. Car le pire est de voir les habitants de Béjaïa et d'Oued Ghir, dépourvus d'eau potable durant plus de cinq jours et livrés à eux-mêmes. A Oued Ghir, on a observé des queues devant les fontaines et un rush vers les supérettes pour s'approvisionner en fardeaux d'eau minérale. Selon le témoignage de quelques résidents de Béjaïa, «ni l'APC ni l'ADE n'ont mis à notre disposition des camions-citernes pour pallier ce problème conjoncturellement». Une aubaine pour les colporteurs qui proposent de l'eau potable dans les cités. D'autres familles, plus aisées, s'approvisionnent en eau minérale à un prix fort, ou se déplacent en voiture pour chercher de l'eau à plusieurs kilomètres de chez elles. Afin de doter les ménages en eau potable, l'ADE s'est rabattue sur le système d'alimentation des quartiers et cités de la ville en alternance d'un jour sur deux, après la réparation de la conduite de Oued Ghir. Mais sans compter sur la forte demande pour réussir cette opération qui a été accompagnée d'une communication institutionnelle qui consiste à publier, sur le fil de la page facebook de l'Algérienne des eaux, des photos et des vidéos montrant les équipes de la société à pied d'œuvre sur le lieu de la panne pour atténuer un tant soit peu la colère et la lassitude des habitants. Ces derniers souhaitaient voir des camions-citernes stationner sous leurs balcons, dans leurs quartiers, en guise de bonne foi des responsables qui se disent soucieux de la quiétude de leurs administrés.