Au moment où le barrage de Tichy Haf (Bouhamza) atteint un taux de remplissage record de 85%, les habitants de Béjaïa souffrent cruellement du manque d'eau potable. En effet, en dépit des promesses des responsables de l'unité de Béjaïa de l'Algérienne des eaux (ADE) de remédier à cette situation, la crise de l'eau persiste toujours au niveau du chef-lieu de wilaya qui compte près de 200 000 âmes. Face à la colère des Béjaouis qui ne cessent d'interpeller les pouvoirs publics sur cette pénurie, la direction de l'ADE de Béjaïa a finalement daigné réagir, en rendant public un communiqué, le 27 mars dernier, dans lequel elle informe ses abonnés de la ville des Hammadites qu'une perturbation dans la distribution d'eau potable est intervenue en raison de la rupture de la conduite de diamètre 700 mm causée par la crue de l'oued Aguerioune, lors des dernières intempéries. Les responsables de l'ADE de Béjaïa ont tenu à rassurer, à travers le même communiqué, que "la distribution d'eau potable se fera 1 jour sur 2, et ce, jusqu'à l'achèvement des travaux de réparation". Une douzaine de jours plus tard, soit le 8 avril dernier, la direction de l'ADE diffuse un autre communiqué informant ses abonnés alimentés à partir de la "source Bleue" (Laïnsar Azegza) que "les travaux de réparation de la conduite de diamètre 700 mm viennent d'être entamés". Selon les termes du même document, les réparations importantes engagées nécessitent une dizaine de jours afin d'achever les travaux au niveau de l'oued Aguerioune. "Ainsi, la date prévisionnelle de la reprise d'une distribution régulière d'eau potable pourra intervenir à compter du 19 avril prochain", précise-t-on encore dans le dernier communiqué. Cette situation de crise profite aux revendeurs du liquide précieux. En effet, le nombre de camions-citernes qui sillonnent les différents quartiers de la ville de Béjaïa ne cesse d'augmenter ces derniers jours. Ces marchands d'eau potable, qui s'approvisionnent depuis la source naturelle de Toudja, cèdent un bidon d'eau de 20 litres à 50 DA. Le comble est que cette activité commerciale, devenue très en vogue à Béjaïa, échappe à tout contrôle de l'Etat. Outre la tarification pratiquée, personne ne se soucie de la qualité de l'eau vendue. Si certains revendeurs écoulent leurs citernes d'eau dans les quartiers populaires, d'autres préfèrent alimenter les commerces, notamment les cafétérias, les restaurants, les boulangeries, les crémeries... "Je me réveille à 4h du matin et je vais jusqu'à Toudja pour remplir mes réserves d'eau, avant de revenir à Béjaïa-Ville pour sillonner certains quartiers dont les habitants souffrent d'un manque criant en eau potable", nous confie Djamel S., un jeune béjaoui, qui a investi dans ce créneau après avoir acquis un camion-citerne dans le cadre du dispositif de l'Ansej. Kamal Ouhnia