L'attentat qui a coûté la vie à 7 agents de sécurité, ex-patriotes, chargés de la surveillance d'un chantier d'installation d'une ligne de haute tension par une société turque, a jeté un voile de deuil et de tristesse sur la région de l'Akfadou. Il a été minutieusement préparé et exécuté sur le mode opératoire, désormais connu, de l'ex-GSPC, après un repérage des lieux et une longue surveillance des habitudes et de l'itinéraire des agents de sécurité. Vendredi dernier, vers 16h, les agents de sécurité reviennent de leur travail à bord d'un fourgon. Ils rentrent tranquillement chez eux en empruntant, comme à leur habitude, cette route toute en lacets qui serpente au milieu des frênes et des oliviers. Au lieudit Boujida, le véhicule est obligé de ralentir avant d'aborder un virage en épingle à cheveux coupant un ravin touffu et broussailleux. C'est à ce moment qu'un feu nourri prend pour cible, en premier lieu, le chauffeur. Le véhicule plonge et s'immobilise sur le bas-côté de la route. Les terroristes peuvent alors à loisir cribler ses occupants. Deux agents arrivent tout de même à s'extirper du fourgon. Le premier pourra se tirer d'affaire malgré ses blessures à la jambe et à l'épaule. Son compagnon aura moins de chance. Il sera rattrapé et exécuté par ses bourreaux. Tous les autres seront achevés d'une balle dans la tête avant d'être délestés de leurs armes. Les malheureuses victimes étaient originaires de Chemini, Tibane et Akfadou. Les terroristes prennent alors le temps de piéger par deux fois la route, sachant que les renforts n'allaient pas tarder à arriver. Ils arrêtent un fourgon de transport de voyageurs qui passait par là et forcent le chauffeur à leur remettre les clés, les papiers et son téléphone portable.Le fourgon sera cependant abandonné quelques centaines de mètres plus loin. Selon des témoignages concordants, les terroristes auraient distribué un tract rédigé en arabe et en français appelant les habitants de la région à ne pas se rendre dans leurs champs, car minés en plusieurs endroits. Une demi-heure après le premier coup de feu, le groupe terroriste emprunte un sentier qui descend vers la rivière, non loin de Hammam Sillel, avant de s'engouffrer dans les épais maquis menant vers la vaste forêt de l'Akfadou. Selon d'autres témoignages recueillis sur place, le groupe compterait entre 25 à 30 éléments. Peu après l'arrivée des forces combinées de lutte antiterroriste, deux bombes exploseront coup sur coup. Elles feront trois blessés parmi les militaires. Une chasse à l'homme, avec des moyens terrestres et aériens et l'aide des patriotes de la région, sera alors enclenchée. La zone est bouclée et quadrillée par divers corps de sécurité. Des hélicoptères pilonnent les maquis au-dessous du village de Taourirt Amrouche. Samedi, les recherches se sont poursuivies toute la journée et le pilonnage aurait repris pendant une heure au cours de la matinée. Le chef de la 5e Région militaire s'est déplacé en personne sur les lieux pour diriger les opérations. Au moment où nous nous trouvions sur place, des véhicules de l'armée, de la Gendarmerie nationale et de la BMPJ avaient pris possession des lieux. Les principaux carrefours étaient sous l'étroite surveillance des policiers.Aux toutes dernières nouvelles, le groupe auteur de l'attentat aurait été localisé et sa base serait vraisemblablement dans la grande forêt de l'Akfadou. Il est toutefois quasi certain qu'il se serait scindé en plusieurs groupuscules, comme il est de coutume après chaque attentat, pour échapper au maillage étroit de la zone. Hier, en début de soirée, l'opération de recherche était toujours en cours, mais aucun bilan n'a été rendu public par les forces de sécurité. Avec un attentat de cette envergure, la région de l'Akfadou renoue donc avec le terrorisme après avoir connu un calme relatif pendant quelques années.