Des spécialistes vont encadrer et assister techniquement les agriculteurs qui veulent se lancer dans cette filière. La Chambre de l'agriculture de Bouira (CAW) a organisé lundi dernier une journée de vulgarisation sur les techniques de production de la tomate industrielle et les perspectives de son développement dans la wilaya. «La filière de la tomate industrielle est méconnue à Bouira alors que celle de la consommation n'occupe que la modeste superficie de 100 hectares répartis entre les deux communes de Lakhdaria et Kadiria, au nord-ouest de la wilaya. C'est dans le souci de diversifier les cultures agricoles que nous avons pensé à introduire cette nouvelle filière et à encourager les agriculteurs à s'y investir», dira le président de la CAW. A l'occasion de cette rencontre, des ingénieurs de l'Institut technique des cultures maraîchères industrielles (ITCMI) ont été invités afin d'orienter les fellahs. «Notre mission est d'encadrer et d'assister techniquement les agriculteurs qui veulent se lancer dans le créneau de la tomate industrielle, qui connaît un essor dans plusieurs wilayas du pays. Le ministère de l'Agriculture avait tracé une feuille de route pour intensifier certaines cultures maraîchères, telles que la pomme de terre, l'ail et l'oignon. Actuellement, c'est au tour de la tomate industrielle», a indiqué Mme Lamara, ingénieur à l'ITCMC. Lors de son intervention, la spécialiste a mis en exergue les atouts de la wilaya, notamment la bonne qualité et la fertilité de ses terres agricoles, ainsi que la disponibilité de la ressource hydrique. Néanmoins, elle conseille aux agriculteurs de procéder toujours à l'analyse du sol avant de s'engager dans n'importe quel projet agricole. «Avec ses énormes potentialités, Bouira peut devenir un nouveau pôle de la filière de la tomate. Cependant, la réussite de cette filière nécessite beaucoup de technicité et de savoir-faire, que ce soit lors de la plantation , l'entretien, la cueillette ou le transport. Chose qui manque cruellement en Algérie, d'où les pertes qu'enregistrent annuellement les agriculteurs», a-t-elle déploré. Dans son exposé, Mme Lamara a indiqué que la production nationale de tomate industrielle avait atteint les 3,82 millions de quintaux à la saison écoulée. L'oratrice a révélé que le rendement moyen enregistré en Algérie demeure faible comparativement à celui des pays développés. Il varie entre 40 et 120 tonnes par hectare, contre 300 à 400. Par ailleurs, lors des débats, les fellahs intéressés par la nouvelle filière ont soulevé plusieurs problèmes qui les laissent réticents avant de s'aventurer, surtout que la plupart d'entre eux endurent d'énormes problèmes avec la filière de la pomme de terre. «Il nous faut des garanties de la part de l'Etat avant tout engagement. A Bouira, nous ne disposons même pas d'une unité de transformation de la tomate industrielle ni de lieux de stockage de la production», ont-ils révélé. En outre, les deux industriels de la transformation, ayant pris part à l'événement, avaient incité les agriculteurs à s'organiser dans des associations professionnelles qui défendront leurs intérêts. «Une fois que les fondements de la filière seront posés, le contact avec les industriels de la transformation sera plus facile. Cela leur permettra d'établir et de négocier des contrats gagnant-gagnant avec les unités de transformation», ont-ils expliqué.