Pour Mouwatana, vouloir faire de l'élection présidentielle d'avril 2019 une formalité pour assurer la continuité est un acte d'une gravité incalculable. Le mouvement citoyen Mouwatana (Citoyenneté), a fustigé, hier, la candidature du président Bouteflika pour un 5e mandat lors de présidentielle d'avril prochain, tout en appelant à une journée de protestation le dimanche 24 février, date anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. «Le mouvement Mouwatana a refusé dès le premier jour le scénario du pire qui devient une réalité et a tout fait pour l'empêcher. En plus d'être anticonstitutionnelle et illégale, la candidature pour un 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika viole les consciences et blesse le sentiment national», a dénoncé le mouvement dans un communiqué, signé par son coordinateur national, Soufiane Djilali. Vent debout contre un 5e mandat depuis sa création, le mouvement qui rassemble sous sa bannière des formations politiques et d'acteurs de la société civile s'en prend aux tenants du pouvoir, accusés de tous les maux. «Pendant que s'amplifie la menace d'une nouvelle panne dramatique du développement et d'un appauvrissement du pays, le pouvoir politique a délégitimé les institutions de l'Etat. L'Algérie est dirigée par intermittence et par procuration. Elle a subi un désinvestissement du droit et des normes. La gouvernance s'est organisée autour du destin présidentiel d'un homme contre le destin d'une nation», a encore dénoncé le mouvement, pour qui «l'impasse politique du régime n'est plus conjoncturelle, elle est historique.» Pour Mouwatana, «(…) vouloir faire de l'élection présidentielle d'avril 2019 une formalité pour assurer la continuité est un acte d'une gravité incalculable.» «Il condamne les Algériens au désespoir. Il alimente la désunion nationale, nourrit l'élan des jeunes pour l'exil, affaiblit l'Etat à l'intérieur et vis-à-vis du monde. Il fige la société», a énuméré le mouvement. «Imposer la continuité, en fait céder à la régression de la présidence à vie, revient à priver les Algériens de leur souveraineté. Engager un nouveau passage en force pour ‘‘la continuité'' signifie renoncer à défier la crise qui arrive, à agir pour l'émergence de l'Algérie – force économique et Etat de droit – longtemps promise mais toujours différée», a poursuivi Mouwatana, qui considère que «la poursuite du statu quo prépare une fin désastreuse pour le régime politique et pour l'Etat.» Le mouvement Mouwatana, qui affirme aspirer «à être durablement utile à la population, aux élites organisées en association et aux partis politiques afin de gagner la bataille du changement démocratique pour l'Etat de droit», a indiqué avoir donné «(…) leur liberté d'action à ses membres qui estiment que le retrait du processus électoral faussé par la présence de la candidature illégale d'un homme malade et absent, n'est pas le bon mot d'ordre pour protester contre un coup de force institutionnel annoncé.» Rappelant que le mouvement était favorable «un candidat du consensus pour une transition négociée», Mouwatana a expliqué que «cette transition négociée était assortie de conditions minimales d'exercice des libertés et du respect des lois, dont la non-candidature d'un Président sortant inéligible était la première des garanties.» Face à cette situation, le mouvement a souligné qu'il «participera à la résistance citoyenne pacifique au coup de force du 5e mandat» et «continuera à le faire au-delà de cette échéance fatidique du 18 avril». «Mouwatana veut donner de l'espoir aux Algériens. L'espoir aujourd'hui commence par la défense de notre dignité de citoyen», a-t-il précisé. Pour sa première action de rue, le mouvement citoyen a appelé à une journée de «mobilisation citoyenne» le dimanche 24 février et exprime son soutien à «toutes les actions qui convergent vers le même objectif.»