Les animateurs du mouvement Mouwatana estiment que le gouvernement et les partis clients du pouvoir sont entrés, de leur propre aveu, en campagne anticipée pour le 5e mandat en violation flagrante des lois républicaines et de la morale tout court. Le mouvement Mouwatana, composé de chefs de partis et de personnalités nationales, a dénoncé le comportement des partis au pouvoir qui ont d'ores et déjà entamé le forcing en faisant campagne pour imposer la présidence à vie de Abdelaziz Bouteflika. Mouwatana s'en prend, dans ce sens, aux partis proches du pouvoir qui veulent imposer «un coup d'Etat rampant». Réunie, ce week-end à Alger, l'instance de coordination du mouvement Mouwatana menace de sortir dans la rue pour manifester son opposition à la démarche des partis qu'ils qualifient de «clients du pouvoir». Les animateurs de Mouwatana ont analysé la situation qui prévaut actuellement dans le pays et le contexte politique marqué, selon eux, par la volonté du régime d'imposer la présidence à vie de Bouteflika, en faisant fi des dispositions de la Constitution, qui limite pourtant les mandats présidentiels à deux et de son état de santé invalidant. «Nous assistons au forcing des partis au pouvoir pour reconduire à la tête du pays un homme malade. De ce fait, ils mettent le pays en danger et nous nous interrogeons sur le degré de complicité de l'institution militaire», expliquent les animateurs de ce mouvement. Ces derniers estiment, dans un communiqué rendu public, que le gouvernement et les partis clients du pouvoir sont entrés, de leur propre aveu, en campagne anticipée pour le 5e mandat, en violation flagrante des lois républicaines et de la morale tout court. Mouwatana dénonce et condamne, selon la même source, ce comportement «peu honorable», aggravé par l'utilisation illégale et abusive des moyens de l'Etat. «Ahmed Ouyahia, le secrétaire général du RND, a reçu le patron du FLN au siège du gouvernement pour se concerter autour du 5e mandat, ceci est scandaleux. Les partis de l'allégeance ont également utilisé l'université et des moyens humains et politiques pour faire la promotion d'un autre mandat pour Bouteflika», déplore le mouvement, affirmant que «dans un Etat de droit et avec une justice digne de ce nom, ce genre d'agissement aurait donné matière à poursuites pour actes délictueux». Pour les membres de cette organisation, les Algériens sont en droit de réagir et de refuser l'humiliation qui leur est imposée. «Nous sommes dans un climat général d'un coup d'Etat rampant, opéré par une clique utilisant comme otage consentant un homme qui a trahi le serment constitutionnel en profitant d'une démission générale des institutions, portant impliquées dans le maintien de ce régime en dérive mafieuse», affirment-ils, en demandant au pouvoir et à ses soutiens d'assumer les conséquences de toute réaction populaire, dont les prémisses se multiplient. Mouwatana, qui n'écarte pas le risque d'une explosion sociale, «compte prendre ses responsabilités et défendra de manière pacifique mais résolue l'honneur de ce pays». Néanmoins, ce mouvement regrette l'attitude de l'opposition qui n'a même pas osé exploiter le peu d'outils juridiques dont elle dispose pour mettre un holà à cette situation «honteuse». «Nous avons appelé l'opposition à s'unir pour revendiquer l'annulation de la disposition interdisant les marches à Alger. Malheureusement, aucun parti n'a suivi. Aujourd'hui, nous assistons à la multiplication des initiatives qui ne sont que de la poudre aux yeux», déplore Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid. Pour lui, les auteurs de ces actions «veulent tout simplement leur part du gâteau et réclament une place au sein du gouvernement». «Actuellement l'opposition ne se bat pas pour les libertés, mais plutôt pour avoir une place au sein du gouvernement», accuse-t-il.