L'intervention des pouvoirs publics est désormais urgente pour venir en aide aux milliers de familles encore embourbées dans les programmes de logements de la sinistre formule du LSP (social participatif). Victimes d'arnaques sous différentes formes et pris en otages depuis plus d'une décennie, les souscripteurs de plusieurs projets appellent les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités et à mettre un terme à la souffrance d'une grande partie de la population de Constantine. Parmi les programmes ayant connu un échec sur tous les plans, on citera celui des 50 unités situées à l'UV 17, dans la ville d'Ali Mendjeli, et réalisées par le promoteur Messaoud Ben Ahmed. Il s'agit de l'un des plus anciens projets, puisqu'il a été lancé en 2003. Dix ans après, l'avancement des travaux n'a pas dépassé le taux de 50%. Pis encore, selon certains souscripteurs rencontrés sur place, le chantier a connu un arrêt définitif depuis 2014. «Le promoteur nous a affirmé qu'il est défaillant et qu'il n'a pas assez de moyens financiers pour achever le projet, alors que nous avons payé toutes les redevances, sans oublier les aides de l'Etat, dont a bénéficié ce promoteur. Où ont été, donc, injectés notre argent et lesdites aides, si ce n'est pour achever les travaux de nos logements», déclarent des souscripteurs. Ces derniers rappellent avoir fait l'objet de toutes sortes de menaces et d'humiliations de la part du représentant de l'entreprise. Le problème semble plus scandaleux, car sur place nous avons constaté de visu des travaux bâclés et inadmissibles que le promoteur a réalisés. Les blocs d'un seul immeuble ne se ressemblent pas, alors que la largeur de certains couloirs n'atteint pas 1m. Les travaux sont menés pêle-mêle. Concernant les appartements, qui sont toujours à l'état brut, leur conception est tout simplement catastrophique. Pour les souscripteurs, ces logements ne répondent à aucune norme. Qui est l'architecte ou le bureau d'études responsable du plan des immeubles ? La direction du logement de Constantine avait-elle assuré le suivi des travaux? Le wali avait-il été avisé de tous ces dépassements ? Les souscripteurs affirment avoir saisi les autorités concernées, à leur tête le wali de Constantine, Abdessamie Saïdoun, mais en vain. Ils ont ajouté que le promoteur leur a demandé d'achever les travaux de leurs appartements à leurs propres frais, notamment les portes, le carrelage, l'installation des conduites d'évacuation et autres finitions. Pourquoi ont-ils alors payé toutes les redevances, s'ils se retrouvent contraints d'achever les logements par leurs propres moyens ? S'agit-il d'une escroquerie flagrante, avec la complicité des autorités locales? Car, il faut noter que les responsables de cette promotion immobilière ont transgressé explicitement les lois qui régissent ce secteur. Les souscripteurs accusent unanimement le promoteur d'avoir des enjeux «frauduleux», cachés derrière ce comportement, en négligeant les consignes du contrat qu'il leur a livré, particulièrement l'article n°2, qui stipule que «le promoteur doit terminer les travaux dans les délais, afin d'avoir le certificat de conformité du projet, selon la réglementation». Les souscripteurs, qui disent ne plus voir le bout du tunnel, demandent l'intervention du ministre du Logement pour mettre un terme à leur calvaire. Pour notre part, nous avons tenté d'avoir la version du responsable du projet par procuration, rencontré hier sur site, mais ce dernier a refusé de faire la moindre déclaration, préférant nous orienter vers la direction du logement.