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Une ville tournée vers la mer
À Mascat, au coeur du sultanat d'Oman
Publié dans El Watan le 20 - 03 - 2005

La gigantesque autoroute à 8 voies qui relie Abu Dhabi de l'exhubérante Dubaï est plutôt déserte en ce vendredi matin de février. Seuls quelques camions s'empressent d'arriver au port de Jabel Ali, d'où partent chaque jour des dizaines de bateaux en direction du monde entier.
Il est 9h. Abu Dhabi est déjà derrière nous. Le soleil, comme à son accoutumée, est au rendez-vous. Il ne fait pas trop chaud, bien que nous soyons en plein désert. Au loin, nous apercevons, telles des ombres chinoises, les gratte-ciel étincelants de Dubaï. D'énormes grues indiquent aussi que cette ville, située entre Arabie et Asie, demeure un éternel chantier. Une destination de rêve pour ceux qui cherchent à faire fortune ou passer du bon temps. On y trouve de tout : du travail, de l'argent, des gens sérieux, même des filles de joie. On peut y faire fortune ou sombrer dans la débauche. Une cité cosmopolite, cernée par la mer, taquinée par les vents, où se côtoient plus de 130 nationalités. Mais nous n'atteindrons pas le cœur de cette ville. Ce voyage est prévu pour une autre fois. 10h. Nous quittons l'autoroute pour nous engouffrer dans la départementale 57. Les panneaux indiquent les villes prochaines : Hatta 120 km, Mascat 420. La route à grande circulation devient vite un beau souvenir. Place désormais à une petite route à deux voies. Linéaire, sans virages, monotone et ennuyeuse. Elle déchire une montagne faite de falaises alignées les unes derrière les autres et un sol aride sur lequel ne survivent que quelques chameaux et arbres sauvages. Parfois, comme un mirage, la végétation prend possession des lieux et recouvre le sol sur un rayon de plusieurs kilomètres. Mais, en maître des lieux, le sable reprend vite ses droits, engloutissant tout sur son passage. Sensation du grand désert, le paysage demeure exotique, fascinant, enchanteur, digne des films westerns. Une heure suffit désormais pour atteindre Hatta.Ville frontalière, elle est adossée à la montagne qui porte le même nom. Réputée pour sa fraîcheur et sa végétation dense, c'est la destination par excellence des familles émiraties et expatriés occidentaux. Tous les vendredis et jours fériés, ils partent s'amuser avec les immenses dunes de sable à l'aide de grosses motos à quatre roues ou se laisser porter, à corps perdu, par les hautes vagues sablonneuses. Hatta est connue aussi pour son relais chateaux à la francaise. Il est construit en 1969 pour servir de lieu d'hébergement aux hommes qui accompagnaient les émirs de la région qui fuyaient les sollicitations et le brouhaha des villes. Mario, la soixantaine bien entamée, deux à troix cheveux sur le crâne, petit de taille, est le directeur de l'établissement. « Je travaille ici depuis son ouverture. Je le connais dans ses plus infimes détails, dit-il avec une fierté, de celui qui a bien su garder les murs. Je ne peux aller travailler ailleurs. C'est ma deuxième maison. » Mario a vu défiler toutes les catégories sociales. Des dignitaires du régime jusqu'aux simples touristes avides des sensations nouvelles, en passant par les riches familles saoudiennes et émiraties qui dépensent sans compter. Il a noué des contacts avec tout le monde, y compris avec les officiers du poste frontalier omanais situé à une dizaine de kilomètres de la fenêtre de son bureau. C'est lui qui nous fera passer, sans encombre, de l'autre côté de la barrière. Avec une facilité déconcertante. L'Italien a l'allure d'un parrain régnant sur toute la région. Il chargera son bras droit, un Indo-Portugais mesurant 2 m, un visage de tueur, de nous conduire jusqu'au poste frontalier. Les formalités policières ne durent que quelques minutes. Affable et avenant, le chef de service du poste nous propose même un thé chez lui. Gentiment, nous refusons l'invitation. La route est encore longue devant nous. Nous quittons la grande bâtisse multicolore, ornée d'un dôme décoré avec de la calligraphie arabe et des murs en faïence, digne des villas andalouses.
Les éleveurs se défiaient par bêtes interposées
Direction Sohar, première ville omanaise à 120 km. La route, ou ce qu'on appelle ici l'autoroute, ne s'élargira point. Elle restera à deux voies jusqu'a Mascat. Cependant, mis à part cela, tout devient différent. Les couleurs de la nature, le paysage, l'architecture des maisons et l'urbanisme des villes. Le désert se fait tantôt discret, tantôt imposant, avec un sol rocailleux qui vire au rouge. Les poteaux électriques qui longent la route sont ornés de minuscules portraits du sultan Qaboos. A l'approche de Sohar, la circulation se fait de plus en plus dense.On y croise chameaux, chèvres, moutons et des bergers vêtus de long qamis blancs et de « chèches omanais » de couleurs variées. Sohar est une ville peinte en blanc. Les habitations ne dépassent pas trois étages. Fondée au VIe siècle, elle fut un carrefour commercial millénaire, un port de pêche incontournable. Sohar fut aussi la capitale d'Oman durant le XVe siècle. Un rendez-vous majeur pour les commercants arabes et des îles situées de l'autre côté du Golfe. Des jardins verdis, mais déserts, embellissent les quartiers. Ses ruelles larges et poussièreuses renseignent sur un passé riche et voluptueux grâce notamment au commerce du poisson et du bétail. Selon la légende, on y organisait même des combats de taureaux. Les éleveurs se défiaient par bêtes interposées. Des combats qui finissaient souvent dans des mares de sang et qui voyaient les pauvres animaux laisser leur vie sur le sol aride et indélicat des arènes. Aujourd'hui, Sohar est désertée par le bruit et le mouvement. Elle s'est enfoncée, au fil des siècles, dans l'abîme du temps, au point de ne devenir qu'une petite bourgade sans attrait. Seuls les retours de pêche matinaux redonnent parfois à cette cité, qui a dégringolé au rang d'une petite ville de province, un semblant de vie. Nous quittons Sohar. Direction Mascat, la capitale, à 320 km. La route est plus ou moins encombrée, mais le paysage reste identique. Tantôt des dunes, tantôt un sol rocailleux, voire florissant à certains endroits. Il est vrai que le décor n'a rien à voir avec celui des Emirats, jugé comme dur et pas du tout généreux. Trois heures suffisent pour atteindre la capitale. La nuit commence à tomber. Mohamed, notre guide, nous attend à l'hôtel. Il est originaire du Baloushistan, mais porte la tenue locale pour se noyer, sans doute, dans la masse. Il a appris l'arabe, mais l'accent lui fait encore défaut. Sans attendre, il nous propose d'aller visiter le « souk traditionnel » de Mascat situé à quelques encablures du port. Des magasins indiens, iraniens, afghans, des objets venus de partout, du Yémen, des contrées lointaines d'Afrique et de Zanzibar, tout est mis en valeur sur des étals en bois de fortune. Parfums d'encens bougies en cyre sont disponibles tout le long des allées de ce marché populaire. Vendus dans des boîtes ou des sachets en plastique à 2 dirhams omanais (50 DA). Des objets supposés être millénaires comme le fameux couteau traditionnel omanais ou les sabres bradés à des prix ridicules. Des odeurs de nourriture jaillissent de l'intérieur des minuscules cuisines. On crie, on annonce les menus et on fait l'éloge du poisson local. Tous les artifices sont bons pour attirer les touristes. Les Afghans sont spécialisés dans la vente des chaussures en plastique. Celles-ci dégagent une odeur de « brulé ». Les Indiens tentent de fourguer aux passants toutes sortes de gagdets, réveils au son de muezzin, des poupées chinoises qui exécutent des danses orientales ou des chameaux qui brayent à pleine gorge. Les Pakistanais, rois de la contrefacon, excellent, quant à eux, dans la vente d'objets électroniques de pacotille importés de Taiwan ou de Singapour.
Le sultan veut laisser des traces indélébiles
Le marché de fruits et légumes est ouvert jusqu'à une heure tardive du soir. On y grille des brochettes. Une douzaine pour 1 dirham (20 DA). Pas cher pour combler un creux... Il faut attendre minuit pour voir cette frénésie nocturne diminuer. Les vendeurs emballent leurs marchandises dans un lhalali indéfinissable. Exténués, nous rentrons à l'hôtel. D'autres visites nous attendent le lendemain. 9h. Direction la grande mosquée de Mascat. Située à la périphérie de la ville, elle porte le nom du sultan Qaboos, le maître du pays. Un joyau architectural rare qui s'étend sur un terrain immense entouré d'arbustes taillés à la perfection. Selon notre guide Mohamed, elle accueillerait plus de 27 000 fidèles. La deuxième mosquée, semble-t-il, après celle de La Mecque. Combien a-t-elle coûté ? Cette question indiscrète n'intéresse personne. Elle ne se pose pas dans un pays où le sultan veut laisser des traces indélibiles. Place donc à la visite guidée et à la découverte d'un chef-d'œuvre religieux peut-être unique dans le monde arabe. Les tapis sont cousus en Iran. Les murs faits de briques et de pierres qui viennent d'Italie et les gigantesques portes en bois, joliment dessinées d'Indonésie. Les décorations intérieures ont été réalisées par les Marocains. Quant aux dômes, ornés à certains endroits avec des couches en plaqué or, ils s'autolavent automatiquement, car difficiles d'accès. Les touristes, venus en masse et curieux de découvrir une telle beauté architecturale, ne se lassent pas de parcourir les longues et fraîches cours de l'édifice, sous l'œil vigilant des policiers qui scrutent tout ce qui bouge. L'endroit n'est ouvert que le matin. De 8h à 11h. L'après-midi et le soir sont consacrés aux études coraniques et religieuses et autres conférences sur le fiqh. Retour au centre de Mascat. La ville est tournée depuis des siècles vers la mer. Echanges commerciaux avec Zanzibar et autres pays de la corne de l'Afrique, voyages fréquents en Inde pour écouler la marchandise, exploitation des esclaves, Mascat est une ville unique dans le golfe. Elle a gardé son charme d'antan, grâce notamment à une architecture arabo-islamiquee et au mélange de ses habitants. Une ville chaleureuse où l'on ne se sent pas étranger ou scruté du coin de l'œil. Ici, tout le monde vient de quelque part. La majorité de la population vit du commerce de la pêche et les eaux omanaises regorgent de toute sorte de poissons. Et le poisson est expédié dans tous les pays du Golfe et arrive parfois jusqu'en Europe. Mais Oman veut compter aussi sur d'autres ressources comme le gaz ou le pétrole. Mais ce n'est rien comparé à ses voisins de la région comme le Koweït ou l'Arabie Saoudite qui dépendent totalement de ces produits. Coincé entre tradition et modernité, entre mondialisation et système tribal, Oman n'arrive pas à prendre son envol économique. Mais ses bonnes relations avec de nombreux pays d'Europe comme la France ou la Grande-Bretagne et sa politique ètrangère pacifiste et équilibrée lui valent bien des amitiés. En témoigne par exemple le musée franco-omanais qui symbolise « les liens forts et sincères » entre les deux pays.


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