Les travaux pour la réalisation du gazoduc Nord Stream, qui doit relier la Russie à l'Allemagne pour approvisionner l'Europe en gaz russe, ont été lancés officiellement hier par le président Dmitri Medvedev dans la baie de Portovaia, au nord-ouest de la Russie, à 130 km de Saint-Pétersbourg. Le lancement du chantier consistait en la soudure de deux tubes. Le gazoduc, dont la longueur sera de 1200 km environ, aura une capacité de 55 milliards de mètres cubes. Le groupe Nord Stream, qui est l'opérateur du gazoduc, est composé pour l'instant du russe Gazprom (51%), des allemands Wintershall (20%)et EON (20%) et du néerlandais Gasunie (9%). Le projet Nord Stream doit relier Vyborg, en Russie, à Greifswald, en Allemagne, en passant sous la mer Baltique, en traversant les eaux territoriales de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l'Allemagne. Le projet a été porté par la compagnie russe Gazprom et la compagnie allemande EON Ruhrgas. Son coût est estimé pour l'instant à 7,4 milliards d'euros, avec une mise en service prévue en 2012. Gaz de France-Suez doit rejoindre le projet et aura une participation de 9% en achetant 4,5% au groupe allemand EON et 4,5% à Wintershall. Le projet de gazoduc est composé de deux conduites d'une capacité de 27,5 milliards de mètres cubes chacune, qui doivent entrer en service à une année d'intervalle, en 2011 et en 2012. La première conduite du gazoduc, d'une longueur de 1200 km, reliera le port russe de Vyborg au port allemand de Greifswald. La stratégie russe pour l'approvisionnement de l'Europe par de nouveaux gazoducs, comme le Nord Stream ou le South Stream, vise surtout à se libérer du transit de son gaz par l'Ukraine. En effet, 80% environ du gaz russe vendu à l'Europe (entre 60 et 80 milliards de mètres cubes par an) passent par l'Ukraine. L'augmentation du prix du gaz depuis la décennie 2000 a provoqué plusieurs crises entre la Russie et l'Ukraine, qui est aussi dépendante du gaz russe. Ces crises se sont répercutées sur l'approvisionnement de l'Europe en gaz russe avec de multiples coupures qui ont généré des crises et d'énormes pertes. Cette dépendance de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine a amené les autorités russes à développer la diversification des routes du gaz vers l'Europe. En plus du Nord Stream (d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes), la Russie projette un autre gazoduc, le South Stream, qui doit passer sous la mer Noire avec une capacité de 63 milliards de mètres cubes et dont l'entrée en fonction est prévue pour 2015. Ce projet est le fruit d'un partenariat entre Gazprom et le groupe italien ENI. A ce propos, les autorités ukrainiennes craignent cette nouvelle situation. En effet, l'entrée en fonction des deux gazoducs va leur faire perdre beaucoup d'argent tiré du droit de passage du gaz russe par leur territoire. C'est ce qui a poussé Victor Ianoukovitch, le nouveau président ukrainien élu en février 2010, à remettre sur la table une ancienne proposition de création d'un consortium avec la participation de la Russie et l'Europe pour moderniser le réseau gazier ukrainien et augmenter les quantités de gaz transportées de 60-80 à 200 milliards de mètres cubes par an. Cette nouvelle situation pourrait amener les nouvelles autorités ukrainiennes à proposer à Gazprom de prendre une part du capital dans le réseau de gazoducs ukrainiens pour ne pas perdre les gains tirés du transit du gaz russe.