L'Ukraine espère pouvoir revenir sur le marché gazier de l'Asie centrale, a déclaré mardi le président ukrainien Viktor Ianoukovitch lors d'un entretien avec des hommes d'affaires russes et ukrainiens tenu à Kiev. "Disons-le sans ambages: l'Ukraine n'a pas quitté d'elle-même les marchés gaziers de l'Asie centrale, elle en a été délogée. Nous n'avons pas de prétentions à formuler à l'adresse de qui que ce soit. Mais nous voudrions revenir sur ce problème et pouvoir en discuter", a indiqué le président. Selon lui, Kiev espère être soutenu dans ce domaine par Moscou. Jusqu'à 2006, l'Ukraine jouissait de livraisons directes de gaz turkmène. A compter de cette date, c'est la compagnie intermédiaire Rosukrenergo qui s'est chargée d'acheter le gaz turkmène pour le fournir à l'Ukraine. Plus tard, l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko a banni le groupe du marché ukrainien, l'Ukraine n'étant actuellement alimentée qu'en gaz russe. Notons que le P-DG de Gazprom Alexeï Miller a indiqué lundi que la décision d'unifier le russe Gazprom et l'ukrainien Naftogaz doit profiter aux deux parties, et si cette décision est adoptée, le groupe russe aidera l'Ukraine à moderniser ses gazoducs de transport. "La proposition d'unir les deux sociétés s'inscrit parfaitement dans la tendance mondiale axée sur la fusion de compagnies énergétiques, a-t-il déclaré aux journalistes. Et de poursuivre: "En cas de fusion entre Gazprom et Naftogaz Ukraine, le réseau de transport gazier ukrainien pourrait être entièrement modernisé grâce aux ressources financières du géant russe". D'une longueur de 37.500 km, ce réseau compte 71 stations de compression et 13 stockages souterrains de gaz d'une capacité totale de 32 milliards de m3. Le débit annuel des gazoducs menant vers l'Europe s'élève à 141 milliards de m3. Ce chiffre est très important si l'on tient compte du fait qu'en 2009, la Russie a exporté 167 milliards de m3 de gaz et en 2010, ce volume doit passer à 217 milliards. "La fusion pourrait s'opérer par étapes", a ajouté M.Miller. L'idée d'unifier Gazprom et Naftogaz a été formulée le 30 avril dernier par le premier ministre russe Vladimir Poutine au terme d'une rencontre avec son homologue ukrainien Nikolaï Azarov. Le chef du gouvernement russe a alors précisé que cette proposition ne supposait pas l'absorption de la société ukrainienne par le groupe russe. A la veille de sa visite en Ukraine (les 17 et 18 mai), le président russe Dmitri Medvedev a souligné qu'il n'était pas question d'unir immédiatement Gazprom et Naftogaz, mais de regrouper certains des actifs appartenant aux deux compagnies ou de créer une coentreprise. Son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch estime pour sa part que ce processus ne pourra avoir lieu que sur une base paritaire. De son côté, le président russe Dmitri Medvedev a estimé que le russe Gazprom et l'ukrainien Naftogaz continueront de négocier leur fusion, mais la décision de construire le gazoduc South Stream a été déjà adoptée et sera réalisée indépendamment de ces négociations. "Nos compagnies - Gazprom et Naftogaz Ukraine - poursuivront nécessairement ces pourparlers. Ce thème [la fusion des deux groupes gaziers] sera également débattu au niveau des ministères de l'Energie", a-t-il déclaré lors d'un forum d'affaires russo-ukrainien à Kiev. Cependant, a poursuivi le leader russe, "s'agissant des itinéraires de déviation, les gazoducs South Stream et Nord Stream, les décisions à ce sujet ont déjà été prises". D'une capacité annuelle de 63 milliards de m3 de gaz, le gazoduc South Stream est appelé à diminuer la dépendance des fournisseurs et des consommateurs de gaz vis-à-vis des pays transitaires, en l'occurrence l'Ukraine avec laquelle la Russie a eu de nombreux différends gaziers par le passé. Une partie du pipeline passera par le fond de la mer Noire, dans les eaux territoriales turques, et reliera le littoral russe au littoral bulgare. Sa longueur sera d'environ 900 km et sa profondeur maximale, de plus de deux km. Afin de construire la partie terrestre, plusieurs itinéraires ont été étudiés. Tous passent par le territoire de pays membres de l'Union européenne. Le coût du projet étant évalué à 25 milliards d'euros, le gazoduc doit entrer en service en 2015.