M. Mihoubi, secrétaire d'Etat à la Communication, l'a encore rappelé à l'occasion du vingtième anniversaire de la libéralisation de la presse écrite : l'ouverture de l'audiovisuel n'est pas à l'ordre du jour. Pas de problème, personne n'en attendait plus de lui, les gouvernants le rappellent régulièrement, les libertés ne sont pas à l'ordre du jour. Tout comme l'ouverture des lignes aériennes au privé, la réforme bancaire, le dossier des faux moudjahidine ou la convertibilité du dinar. Il y a donc bien quelqu'un qui donne les ordres à tout le monde, et par jour, chacun se devant de suivre l'ordre sans explication. Quelqu'un qui tous les matins se lève et qui après un bon café, réfléchit aux directives à donner pour la journée, reléguant certaines priorités à plus tard. Qu'est-ce qu'un ordre du jour ? Exemple, la biométrie. Cette science nouvelle, dont le vieux ministre de l'Intérieur en est amateur, est censée être une urgence plus urgente que la corruption, la délinquance ou le chômage. Sauf que pour le passeport biométrique, l'ordre du jour indique qu'en plus d'un extrait de naissance biométrique et d'une tête biométrique, une série de formulaires doit être remplie en deux langues, arabe et français, en attendant l'officialisation de tamazight (qui n'est pas à l'ordre du jour). Et dans l'un de ces formulaires, ce qui a fait sursauter tout le monde : une page à remplir avec nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse, numéro de la pièce d'identité et date à laquelle elle a été délivrée. Des informations qui ne concernent pas le demandeur du passeport mais un requérant, c'est-à-dire un ami qui le connaît. Oui, mais si l'on n'a pas d'amis ? Bioman, le ministre de l'Intérieur, n'a pas prévu ce cas, mais l'ordre du jour serait de se faire au moins un ami. Si vous voyez donc quelqu'un vous sourire dans la rue, pas de panique, il a juste besoin d'un passeport.