Dans une précédente édition, (voir notre article du 25 mars : La face cachée de Aïn El Bey) nous avions évoqué l'état déplorable de cette immense terre qu'est Aïn El Bey, autrefois site verdoyant, aujourd'hui remblai infini, où de nouveaux genres de constructeurs y déversent leurs gravats et déblais au vu et su de tous. Cependant, des habitants ont réagi. Ils se plaignent de la présence d'engins rétrochargeurs durant le week-end (nous l'avons constaté de visu), déblayant la grande plateforme, par ailleurs terrain privé (propriété des héritiers Rahmouni), pour y répandre toutes sortes de débris. Non loin du terrain en question, s'élèvent six ou sept habitations illicites. Selon des sources fiables, leurs propriétaires ne justifient pas d'un permis de construire. Plus grave encore : ces maisons sont érigées sur la servitude du pipeline Bounouara-Skikda, et le fait n'a pas l'air d'émouvoir les services concernés. Comment laissent-ils faire cela, alors qu'il y va de la sécurité de toute une région ? se demandent d'aucuns. Et qu'en est-il des incommensurables décharges à ciel ouvert ? À perte de vue du site, d'impressionnants monticules de déchets ménagers côtoient ceux des éboulis, rognant, chaque jour un peu plus, de nouvelles parcelles de terrain. Un des propriétaires du lotissement Sidi Naâmoune, en l'occurrence M. H. Benaâmoune, nous montrera le cadre en fer, dernier reste, a-t-il indiqué, d'un grand portail disparu qui protégeait son terrain des incursions nocturnes de camions, lesquels viennent décharger les déblais des constructeurs. « Pourtant, nous dira-t-il, j'ai intenté une action en justice (documents remis à El Watan) contre l'entreprise privée qui procède au déchargement des gravats, et j'ai obtenu gain de cause, mais l'exécution tarde à se faire ». Entre-temps, rien n'a changé, au contraire, les choses empirent, l'environnement se dégrade à une allure vertigineuse, et ce en dépit de la présence d'une brigade de gendarmerie. Depuis notre dernière visite, les lieux enregistrent d'autres monticules (en passe de devenir des collines) d'immondices et de matériaux de construction. L'endroit, fameux naguère pour sa nature riante, vers lequel affluaient les familles constantinoises pour se détendre, est aujourd'hui inquiétant, aussi bien par son aspect désolé que par l'insécurité qui désormais le caractérise. Les riverains affirment qu'en fin d'après-midi, il est dangereux de s'y aventurer au vu des nombreuses agressions dont ont fait les frais de paisibles citoyens. Sans parler des dizaines de meutes de chiens errants, affamés et menaçants qui sont les maîtres incontestés des lieux. Plus bas vers la cité Zouaghi, face à la mosquée Abdelhamid Benbadis et au CEM Ahmed Abbas, on continue de brûler les ordures sur place, à l'air libre, faisant fi de la santé des habitants. Il faut dire, relève un vieil homme, que ces derniers sont soit complices soit complaisants, ce qui revient au même.