Des centaines d'avocats du bareau d'Alger, mais aussi de Blida, Boumerdes, Tizi Ouzou, Biskra, Setif , Bouira, Tipaza, pour ne citer que ceux là, ont pris part ce jeudi à une manifestation contre le 5ème mandat du président sortant, en réponse à un appel lancé la veille par le conseil de l'ordre d'Alger. Vêtus de leur robe noire, hissant de nombreuses banderoles et des drapeaux, ils ont marché vers le siège du Conseil constitutionnel en scandant, « la défense refuse la violation de la constitution », « les avocats n'abdiquent pas et ne reculent pas » « non au 5ème mandat »,… etc. Dés 9 h, ils arrivaient par petits groupes avant de se rassembler sur les deux côtés de la chaussé faisant face au siège du ministère de l'Energie, au Val d'Hydra, à Alger. Entonnant des chants patriotiques et des slogans hostiles appelant au « respect de la constitution », ils ont eu du mal à franchir le mur de policiers dressé sur la route. Une heure après, le boulevard menant vers le Conseil Constitutionnel est envahi par les manifestants. Décision est prise pour remonter jusqu'au siège du conseil institutionnel, située à quelques centaines de mètres. Les policiers sont surpris par l'avancée rapide des avocats. Les barrières métalliques qui isolent le haut de cette grande artère, tombent par terre sous l'effet de la bousculade. Les policiers sont dépassés. Ils n'arrivent plus à contenir la masse d'avocats, munis de drapeaux qui avance subitement vers le Conseil. Le premier groupe y arrive, sous le slogan « Algérie, république et non un royaume » « la défense en colère ». Ils sont prés d'un millier à avoir rejoint la manifestation. Ils se rassemblent devant l'entrée principale de la troisième institution du pays, en criant haut et fort leur colère contre le 5ème mandat. Ils veulent remettre un message écrit au président, Tayeb Belaiz. Deux représentants, les Mes Sellini, et Benaadila, respectivement bâtonniers d'Alger et de Boumerdes sont désignés pour remettre la lettre. Une fois à l'intérieur, un seul, Me Sellini, est admis. Cependant, il rebrousse chemin après que l'agent l'informe que l'entrevue ne sera pas avec le président du conseil mais plutôt avec un administrateur. Dans cette lettre, le barreau d'Alger rappelle à Tayeb Belaiz et aux membres de l'institution qu'il préside leur responsabilité devant l'histoire, et leur devoir de garants du respect de la constitution ». Il les met en garde contre toute validation de la candidature du président sortant pour un 5ème mandat, qui selon eux ne répond pas aux critères non seulement de santé, mais aussi de respect de la procédure qui oblige les candidats à déposer eux même leur dossier. Mardi dernier, une délégation de l'UNBA (Union nationale des barreaux d'Algérie), a demandé à être reçu par le président du Conseil, pour lui remettre une déclaration qui avait sanctionné leur réunion extraordinaire, tenue la veille. Tout en rendant responsable devant l'histoire et le peuple de toute violation de la constitution en validant la candidature du président sortant, l'union exige « le retrait de ce dernier de la compétions électorale, le respect des libertés collectives, notamment celles liées aux droits de manifester pacifiquement et de s'exprimer, le report des élections pour aller vers une période de transition d'une année, au cours de laquelle un gouvernement technocrates sera chargé d'organiser un scrutin présidentiel transparent.. ». L'union a également annoncé une grève de quatre jours au niveau de toutes les juridictions ( à l'exception des affaires liées à des délais), et des rassemblements de protestation devant les tribunaux et cours, le 11 mars prochain au niveau national. Dés 12 heures, les avocats ont commencé à se disperser, en se donnant quand même rendez-vous pour la marche de vendredi, à laquelle les algériennes ont appelé en ce 8 mars, journée internationale dédiée aux droits des femmes.