La mobilisation contre le 5e mandat du Président sortant et contre le système ne faiblit pas. Rassemblés autour de plusieurs slogans, ils étaient des milliers, hier, à venir depuis les communes de la wilaya de Bouira pour marcher dans les rues du chef-lieu de la wilaya. La procession était immense. Plus de 200 000 personnes. Une véritable déferlante humaine. Parmi la foule, des familles entières ont fait le déplacement, spécialement pour prendre part à la manifestation en réclamant le départ pur et simple du système. Certains, émus, ont versé des larmes. Du jamais vu dans l'histoire de cette région. «Cela nous rappelle le jour de l'indépendance. Nous sommes en train de revivre le même sentiment», nous dit en larmes un septuagénaire accompagné des membres de sa famille. Aux slogans scandés par les marcheurs, s'ajoutent les youyous des centaines de femmes mobilisées en force à cette occasion. Les manifestants, dont les rangs n'ont pas cessé de grossir, ont arpenté l'esplanade de la place publique, avant de se diriger vers le siège de la wilaya. D'autres processions humaines drainant des milliers de marcheurs ont convergé depuis les quartiers rejoignant la foule, longue d'une dizaine de kilomètres. Les manifestants ont réitéré leur rejet de ce qu'ils considèrent comme étant un acte contre nature de vouloir imposer le 5e mandat. Emblème national sur les épaules, des femmes mobilisées en force ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. D'autres sont venues avec de nouveau slogans plus violents, écrits sur des pancartes et des banderoles géantes, exprimant ainsi leur rejet du 5e mandat, entrecoupés des fameux chants entonnés dans les stades. «1962 indépendance de l'Algérie. 2019 indépendance du peuple. Pour l'application de l'article 102», lit-on sur les banderoles brandies par la foule. D'autres ont écrits des slogans puisé du riche répertoire du chantre Lounès Matoub, comme «Tous et toutes pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure.» «Bouteflika dégage, système dégage», «Non au cinquième mandat de la honte !», «FLN dégage !» «Ouyahia, L'Algérie n'est pas la Syrie», «Vous avez humilié le pays, basta !» ou encore, celui-ci écrit en arabe : «Non à la continuité du pourrissement et du pillage du pays !» Les Bouiris n'ont pas cessé de rappeler le caractère pacifique de leur marche. «Libérez l'expression», ont-ils aussi écrit sur les pancartes. Notons que des «individus», qui voulaient passer à des actions de saccage, ont été vite chassés par la foule.