“Bout-Ali dégage !”, “Système dégage !”, “Bouteflika-Ouyahia, houkouma irhabiya”, “Halte à la corruption”, “Halte à la répression, libérez les détenus”, autant de slogans scandés par la rue de Tizi Ouzou en ce mardi pluvieux. “Bout-Ali, dégage !” Ce slogan anagrammatique a été scandé à gorge déployée, hier, à l'occasion de la marche pacifique à laquelle a appelé la Coordination locale des étudiants (CLE) de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Une marche à laquelle s'est joint le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a mobilisé ses militants pour la circonstance. C'est ainsi qu'on a vu parmi les marcheurs, des parlementaires du parti de Saïd Sadi, des élus locaux ainsi que le président de l'APW de Tizi Ouzou. Sous une pluie battante, la marche a démarré vers 10h30 du campus de Hasnaoua avec des slogans criés à tue-tête par des milliers de manifestants. Plus de 15 000, selon les organisateurs. Des slogans qui mettent en avant, outre les revendications sociopédagogiques de la communauté estudiantine, la soif de changement démocratique du peuple algérien ; une soif aiguisée par le vent de liberté qui souffle sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient depuis peu. Le drapeau tunisien et l'emblème national sont déployés à la tête de la procession humaine. Façon pour les marcheurs de manifester leur soutien au voisin de l'Est dans sa Révolution du Jasmin. “Bout-Ali dégage !”, “Système dégage !”, “Bouteflika-Ouyahia, houkouma irhabiya”, “Halte à la corruption”, “Halte à la répression, libérez les détenus”, autant de slogans scandés par la rue de Tizi mobilisée en ce mardi pluvieux pour la démocratie et le changement. La marche, arrivée au niveau du premier carrefour de la ville, a marqué une halte, le temps pour les manifestants d'observer une minute de silence à la mémoire des “martyrs d'hier et d'aujourd'hui”. La pluie qui tombe à présent par intermittence n'a pas empêché pour autant les manifestants à mener à terme leur action. Chants patriotiques, slogans dénonçant le régime, les étudiants de l'université de Tizi Ouzou ont désormais repris le flambeau de leurs aînés qui ont tracé le chemin des luttes démocratiques. Des banderoles portées par les marcheurs sont balafrées de mots d'ordre puisés dans le jargon de la militance démocratique : “Pour les libertés démocratiques”, “Pour l'ouverture des champs syndical, médiatique et politique”, “Tamazight, langue nationale et officielle”, “Pour une Algérie plurielle”, etc. D'autres banderoles rappellent l'exigence des étudiants quant au maintien du système pédagogique classique, réfutant l'actuel système LMD qui tend à se généraliser à travers les universités algériennes. 12h, devant le portail de la cité administrative, le point de chute de la manifestation. Un autre moment de recueillement avec une minute de silence des marcheurs. Aussitôt, un membre de la CLE improvise une prise de parole, en faisant lecture d'une déclaration de l'organisation syndicale estudiantine. Tout en revendiquant une prise en charge effective de l'étudiant sur le double plan social et pédagogique, l'orateur, dénonçant le blocage du développement économique de la Kabylie, exige la libération des détenus interpellés lors des dernières émeutes, avant de condamner l'attitude répressive du pouvoir qui répond aux Algériens par la menace et la matraque. à l'issue de la marche, les manifestants se sont dispersés dans le calme, un étudiant a déployé au milieu de la foule une pancarte sur laquelle est calquée une citation de Mouloud Mammeri : “Nul ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin.”