Les autorités n'interviennent pas pour éliminer des poches de délinquance, nombreuses, connues et cataloguées. Les habitants des quartiers pensent même à s'organiser en milice. Il ne se passe pas un jour sans qu'on signale à El Kala le vol par effraction d'un domicile. La peur s'est installée, et la situation a atteint un seuil intolérable. Au point où les gens, qui ne cachent plus leur colère, se demandent ce que font les services de sécurité, prompts à sévir pour les infractions liées à la circulation, mais apparemment tenus en échec par une bande de gamins, des mineurs, nous dit-on. Les voleurs, d'une surprenante habilité, repèrent les logements inoccupés pendant la journée pour opérer en toute inquiétude. La méthode est toujours la même : ils scient les barreaux des ouvertures et s'introduisent dans les maisons qu'ils mettent sens dessus dessous à la recherche de bijoux, d'argent et autres appareils électroniques. Ils sèment la panique depuis plusieurs semaines déjà, et dans les quartiers on pense sérieusement à s'organiser en milice. Un pas dangereux risque ainsi d'être franchi. Les autorités n'interviennent pas non plus pour éliminer des poches de délinquance, nombreuses, connues et cataloguées en tant que telles. C'est le cas, par exemple, dénoncé dans ces mêmes colonnes, de cette promotion immobilière de la défunte EPLF qui n'a pas trouvé preneur. Les solides constructions inachevées offrent des abris inespérés à des dizaines de marginaux, mais aussi font office de caches pour tous ceux qui cherchent à s'éclipser. C'est devenu aussi, à la longue, le site s'y prêtant à merveille, un lieu de débauche où on trouve des matelas de mousse à même le sol, et de rendez-vous pour malfaiteurs et trafiquants de tout genre. Les riverains de cette cité en dégradation, depuis au moins 10 ans, vivent sous une menace constante. Ils ont pourtant fait leur devoir en signalant cette situation ; ils s'en sont plaints à diverses reprises. Encore récemment, ils ont adressé une pétition aux autorités de la ville. Une enquête a été ouverte et certains d'entre eux ont même été entendus en qualité de témoins par la justice. Puis plus rien. C'est le black-out. Les villas en construction, quelque peu abandonnées, abritent toujours les activités douteuses de squatters, plus nombreux de jour de jour. « Comme toujours, il faut que l'irréparable se produise pour qu'on daigne réagir », commente un voisin qui en veut pour preuve l'assassinat en plein jour, et en public, d'une jeune collégienne dont le père avait, quelques jours auparavant, porté plainte pour menace de mort contre l'agresseur qui la harcelait jusqu'en classe. À El Kala, la rumeur dit que les malfaiteurs ont un « wali, un saint patron qui les protège » !?