Il ne se passe pas un jour sans que l'on enregistre des vols en tous genres et des agressions à Annaba. Les commissariats ne désemplissent pas. Particulièrement ceux du centre urbain et de la périphérie où les victimes se présentent en nombre pour un dépôt de plainte qui pour vol sous la menace d'une arme blanche, qui pour agression, qui pour vol à l'arraché ou à la roulotte. Les machines à écrire ne s'arrêtent pas de la journée pour l'établissement des procès-verbaux de déposition, la plupart faite par des mères de famille ou des jeunes filles en larmes et sous le choc après ce qu'elles viennent de vivre. Et si dans les onze communes les délinquants éprouvent des difficultés à commettre leurs actes néfastes, c'est sur la commune chef-lieu de wilaya qu'ils ont jeté leur dévolu. Particulièrement la gare routière interrégions, les quartiers huppés, les abords de la vieille ville, le Palais de la culture. De jour comme de nuit, des bandes de délinquants et repris de justice sévissent. Agés de 18 à 20 ans, toujours vêtus en jeans et trainings, le regard toujours en alerte à la recherche d'une victime potentielle, on les retrouve déambulant les artères du centre-ville et les quartiers huppés. Couteau à cran d'arrêt et bombes lacrymogènes forment généralement leur attirail pour les agressions, les vols par effraction, à l'arraché ou à la roulotte. Chômage, insécurité, perte de repères, fuite des valeurs, croissance des disparités, mal de vivre et la liste des pathologies est encore longue. C'est le reflet d'une situation devenue presque intenable à Annaba. Pourtant, et tous les observateurs en conviennent, les services judiciaires de la police et de la gendarmerie marquent une présence de tout instant sur le terrain. Dans le milieu des sociologues de l'université Badji Mokhtar, l'on estime que la mondialisation des échanges et de la communication a malmené l'identité collective et tiraillé le tissu social. Le milieu scolaire, lieu de socialisation par excellence, n'est pas épargné par la délinquance. Au point que de nombreuses associations civiles ont donné de la voix pour un plus grand déploiement des services de sécurité et une meilleure prise en charge judiciaire de la délinquance. « Ils étaient trois à nous encadrer. Couteaux à la main, sous le regard des passants, en majorité des hommes, ils nous ont intimé l'ordre de leur remettre tout ce que nous avons comme objets de valeur et notre argent. Bien que nous étions soumises à leur menace de nous balafrer, l'un d'entre eux m'a donné un coup de couteau sur la main avant de s'enfuir », a indiqué une des deux jeunes filles victimes qui s'étaient présentées au 3e arrondissement de la police pour un dépôt de plainte. Deux minutes après, ce sont deux autres jeunes filles qui se plaignaient d'une agression à l'arme blanche et du vol de leurs bijoux et d'un portable. Depuis le début du Ramadhan, agressions et vols se sont multipliés. Pour une dette de 3000 DA qu'il ne pouvait payer, un adolescent de 16 ans s'est fait charcuter par son camarade du même âge à Kouba. Pourtant, policiers et gendarmes multiplient les descentes et les rafles. Cependant, confrontés à un lourd héritage à l'origine du déficit en confiance chronique qui ronge les 500 000 habitants de la wilaya de Annaba, ils éprouvent des difficultés à juguler la hausse de la criminalité, particulièrement dans le chef-lieu de wilaya et la périphérie. « Nous sommes H/24 sur le terrain. Chaque appel téléphonique de dénonciation est aussitôt suivi d'un déplacement sur les lieux où l'acte a été commis et où l'on nous signale la présence d'individus suspects. La contribution des citoyens est impérative pour nous permettre d'être plus efficaces et réduire un tant soit peu les actes néfastes des délinquants », considère un des responsables de la police judiciaire. Quatre quartiers - Sidi Salem, Boukhadra, Beni M'haffeur et la vieille-ville - forment ces dernières années les lieux de rencontre privilégiés des bandes de délinquants. Le jour, le centre-ville forme leur rayon d'action, le soir, ces bandes opèrent dans les quartiers résidentiels où même les enfants en bas âge ne sont pas épargnés.