L'atome le plus redouté au monde est en passe de devenir un moyen de préparer l'après-pétrole. Les laudateurs du nucléaire civil se font nombreux, vantant les vertus d'un monde sans émission de gaz à effet de serre. La bataille du nucléaire civil a également des accents économiques et ses principaux défenseurs sont la France et la Russie, avec chacun un géant local, Areva et Rosatom. En janvier 2009, il a été annoncé pas moins de 240 projets de centrales nucléaires dans le monde. L'opération marketing des gouvernements français et russe semble porter ses fruits. Certains évoquent déjà la « renaissance » du nucléaire qui en est à 16% de l'électricité globale produite. La demande mondiale en énergie nucléaire augmente de façon exponentielle. Un fait qui semble inquiéter l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), qui estime que les appétits de ce qu'elle appelle les « nouveaux arrivants » ne se conjuguent pas avec leur niveau de développement. L'AIEA met en garde contre les dangers d'une telle politique. Parmi les prétendants au nucléaire civil figure notamment l'Algérie, qui envisage de construire une centrale nucléaire livrable vers 2018 pour préparer « l'après-pétrole ». Des accords ont été établis, en ce sens, avec les Etats-Unis et la France, ainsi qu'un double accord avec la Chine, partenaire traditionnel dans ce secteur. Dans la liste des postulants qui « préoccupent » l'Aiea figurent également l'Egypte, le Maroc, l'Arabie Saoudite, la Tunisie et les Emirats arabes unis. Bahreïn, Koweït, Oman et le Qatar leur ont emboîté le pas. Les projets nucléaires du Vietnam au Yémen en passant par l'Indonésie, le Niger, les Philippines et le Bangladesh, semblent « irréalistes », aux yeux des experts de l'Aiea. Il semble, en effet, que le nucléaire civil n'est peut-être pas la panacée tant espérée. Certaines organisations non gouvernementales soulignent les risques que peuvent faire encourir les usines de nucléaire civil, d'autant que la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, est encore présente dans les mémoires. Des voix s'élèvent pour exprimer des craintes au sujet du trafic de matériaux radioactifs et les risques que ceux-ci tombent entre les mains de terroristes. Les opposants au nucléaire mettent également en avant le fait que des installations nucléaires civiles peuvent être utilisées dans le cadre d'un programme nucléaire militaire : certains pays se sont détournés du nucléaire, comme l'Allemagne en 2001, qui a lancé un plan de fermeture de toutes les centrales nucléaires censé aboutir au plus tard en 2021.