L'affaire de l'évasion de deux détenus au moment de leur transfert au tribunal d'Es-Sénia à Oran a connu du changement depuis que l'un des fuyards s'est rendu aux services de sécurité. Malgré les zones d'ombre qui continuent d'entourer cette affaire, des recoupements effectués sur la base d'informations récoltées, par-ci par là, laissent penser que l'évasion a été mûrement réfléchie. Des informations colportées par certains chauffeurs de taxi, de retour de la ville frontalière de Maghnia, ont laissé entendre que Fethi est un élément important dans les réseaux de trafic de drogue. Condamné par contumace en 2000 à 15 mois de prison dans l'affaire des 9 q de drogue saisis à Oran, il aurait été cité dans une affaire de saisie effectuée par la gendarmerie d'Es-Sénia et dans celle des 8 q qui avait défrayé la chronique oranaise, il y a quelques mois. Connu dans les milieux pour changer fréquemment d'identité, il était, selon certains témoignages, flambeur, client assidu des cabarets de la corniche, il a fait de fréquents séjours au Maroc où il aurait été pris en charge par les réseaux de trafic d'armes, d'or et de drogue. Après son arrestation, il y a une semaine à Mascara sous une fausse identité, ses acolytes auraient préparé son évasion en faisant jouer des complicités et des relais. On raconte que la moto qui a servi à l'évadé aurait été ramenée de Maghnia, cachée dans la benne d'un camion. Dissimulée dans le garage d'une maison en construction à Es-Sénia, elle n'a été utilisée qu'au moment de l'évasion. Les deux voitures, qui auraient fait barrage aux véhicules de la gendarmerie, auraient, d'après certaines sources, été retrouvées abandonnées dans un champ non loin de la ville d'Es-Sénia. Fethi, une fois libre, aurait été pris en charge par des relais de passeurs qui lui ont fait traverser, le soir, la frontière algéro-marocaine. Les chauffeurs de taxi de Maghnia racontent qu'il aurait pris, le lendemain, un café sur la terrasse du Café de France sur l'avenue Mohammed V d'Oujda. Bien sûr, ces informations sont à prendre avec des pincettes, mais plusieurs témoignages de beznassia et de chauffeurs de taxi venant de Zourga et Maghnia soutiennent cette version des faits. Mais le plus intrigant dans l'affaire, reste l'attitude du deuxième évadé qui a préféré se rendre plutôt que de quitter l'Algérie comme l'a fait son acolyte. Servait-il à faire diversion ou était-il le maillon faible dans la structure des réseaux de drogue, un fusible près à être sacrifié quand les intérêts sont en jeu? C'est là la question à laquelle répondront les enquêteurs, une fois leurs investigations menées à terme.