Les capacités d'extraction et de transformation de blocs de marbre sont sous-exploitées. C'est à peine si la production arrive à satisfaire le marché local, les investisseurs préfèrent se procurer le précieux produit à Sétif et Alger. Même si la notoriété du gisement de marbre de Fil Fila, reconnu comme l'un des plus importants à travers le pays, si ce n'est à l'échelle internationale, n'est plus à démontrer, il n'en demeure pas moins que son exploitation actuelle est très loin de refléter toutes ses potentialités. Selon un site officiel, « des études réalisées par des chercheurs américains invités par l'agence nationale de géologie et de contrôle minier (Angcm), venus en visite il y a quelques années, ont révélé que les mines de marbre de Fil Fila jouissaient d'une exceptionnelle qualité. Ces dernières avaient été abondamment exploitée par l'empire romain dans la sculpture et ont servi à l'ornement de ses palais et châteaux ». Aujourd'hui, les choses ont changé, et c'est à peine si la production arrive à satisfaire le marché local ; de ce fait, les investisseurs préfèrent se procurer le précieux produit dans les wilayas de Sétif et Alger. Plusieurs facteurs ont, semble-il, contribué au sérieux ralentissement de la production locale et nationale. Selon les explications fournies par M. Boukaâbache, directeur de la chambre de l'artisanat et des métiers des wilayas de Skikda et Guelma (CAM), « seul 1/3 % est actuellement exploité ». Plus surprenant encore, les capacités d'extraction et de transformation de blocs de marbre sont sous-exploitées, « puisque la profondeur d'extraction des pierres n'atteint actuellement que les 100 m, alors qu'on pourrait aller jusqu'à 300 m de profondeur », expliquera le directeur de la CAM. Cette situation, peu reluisante, est essentiellement due au déficit flagrant en moyens et matériaux mis en œuvre, nécessaires à l'exploitation du marbre. Ainsi, et selon notre interlocuteur, l'utilisation de procédés archaïques, notamment la dynamite, par les exploiteurs, a fortement fragilisé le produit : « La poudre noire, dont l'emploi s'est avéré plus néfaste qu'utile, s'est répercutée sur la qualité du marbre, qui était souvent endommagé, finissant par perdre de sa valeur commerciale. » Toutes ces contraintes ont obligé les instances habilitées à réagir à mettre enfin en application le projet dit « système productif local de marbre ». Celui-ci consiste, en réalité, en l'exploitation réelle des potentialités existantes. « Des moyens sophistiqués et modernes seront dorénavant mis en place et nous espérons, grâce à ce dispositif, augmenter la production marbrière mais également revaloriser la profession, créer des emploies et attirer de nouveaux artisans, d'autant plus qu'actuellement seuls 35 y exercent », fera savoir notre interlocuteur, qui poursuit : « Selon les statistiques établies par l'Enamarbre, l'exploitation actuelle du marbre est estimée à 4 t /J et devra passer, grâce à la mise en place du projet, à 50 t /J. » Opérationnel depuis le mois de novembre dernier, le projet devra s'échelonner sur une durée de quatre à cinq ans. En effet, après la création récente de l'association de wilaya des producteurs de marbre, « nous attendons, dans les jours à venir, l'installation officielle de la commission technique de suivi constituée de la chambre de l'artisanat et des métiers, la PME, l'Entreprise nationale de marbre Enamarbre, des banques, la direction des impôts et des différents dispositifs de financement », précisera le même responsable. L'on apprend, par ailleurs, que le marbre de Skikda aura l'honneur de participer, et ce pour la première fois dans l'histoire, au salon international de Carrera, en Italie, organisé du 19 au 22 mai prochain. « Nous avons reçu une invitation de l'institut italien du commerce international pour participer à l'événement qui sera une occasion pour nos artisans et pour le marbre de Skikda, notamment le granela, d'être revalorisé », conclura M. Boukaâbache. Voilà une bonne nouvelle !