L'essor extraordinaire que connaît le secteur minier depuis la promulgation de la loi sur les mines de 2001 a eu pour effet, en plus de susciter des investissements importants, tant nationaux qu'étrangers, d'attirer des chercheurs, géologues et chimistes de diverses parties du monde, principalement américains et européens, curieux de mieux connaître un patrimoine minier inestimable, mais jusqu'alors méconnu. Le marbre fait partie de ces richesses du sol algérien qui intéresse les opérateurs économiques, entre autres Italiens. Le marbre algérien est donc très prisé par les étrangers. Déjà, à l'époque romaine, ce produit de très grande valeur a servi à l'embellissement des palais et villas de l'empire mais aussi à décorer la Maison-Blanche et le célèbre Rockefeller Center aux États-Unis, selon les résultats d'une étude réalisée par des experts de l'association américaine Asmosia. Aujourd'hui, qu'en est-il de ce produit ? Comment se porte la filière marbre en Algérie ? Difficile de se prononcer quand on a des difficultés d'accès à l'information. Mais, selon certains experts ayant récemment participé au séminaire sur le marbre organisé par l'Institut italien pour le commerce extérieur (ICE), nous pouvons conclure que cette filière va mal et qu'elle fait face à moult difficultés. Malgré une main-d'œuvre qualifiée parmi laquelle un nombre important a été formé à l'étranger, il n'en demeure pas moins que des problèmes d'ordre organisationnel ont fait en sorte que cette filière se développe mal en dépit de nombreuses possibilités. Insuffisance de production, absence d'un marché potentiel, contraintes des cahiers des charges, absence de concertation entre professionnels et artisans et d'un cadre organisationnel pour les réunir et soulever les problèmes posés sont autant de difficultés rencontrées dans cette activité. Cette situation fera dire à M. Bencherif Saïd, consultant et président de l'Association nationale des entrepreneurs dans les carrières et les mines, qu'il est nécessaire de se mettre autour d'une table pour discuter du devenir de cette filière, de la manière et des quantités de marbre à acheter, sans perdre de vue que l'Algérie est à la fois exportatrice et importatrice de cet produit naturel. 400 tonnes de marbre par an à Filfila En ce qui concerne la matière première, l'Algérie possède beaucoup de carrières, mais il faut de la maîtrise d'œuvre pour mieux les exploiter. En termes des ressources humaines et selon ce consultant, ces sites sont dépourvus de gestionnaires attitrés. Le rôle que doivent jouer les universités algériennes et les centres de formation et d'enseignement professionnels est à ce propos évoqué. Les filières enseignées dans ce domaine sont insuffisantes, quand elles ne sont pas inexistantes. Plus important, les études technico-économiques sont une affaire de professionnels pour mieux les maîtriser. Pour sa part, M. Abdallah Sahli, un autre spécialiste, évoquera la mine de Filfila à Skikda, l'un des plus grands gisements du pays, qui produit du marbre blanc, gris, et même du noir en petites quantités mais de très bonne qualité. D'une capacité de production de 400 tonnes par an, le taux d'exploitation est à peine de 30% actuellement. De plus, l'exploitation du site est à 100 mètres de profondeur seulement alors qu'elle peut aller jusqu'à 300 mètres. Pour ces raisons, M. Sahli dira toute l'importance de travailler pour développer cette activité et la matière extraite de ce gisement de Filfila. Il soulignera que pour atteindre cet objectif, la Chambre des métiers et d'artisanat a pu convaincre la tutelle, à savoir le ministère de la PME et de l'Artisanat, de créer le système productif local (SPL) récemment mis en place en collaboration avec l'Union européenne et la GTZ (organisme allemand de coopération). Les difficultés telles que l'absence de coordination et de concertation entre les artisans, la méconnaissance des autorités de l'intérêt du marbre comme source de revenus et de création d'emplois, l'absence d'accompagnement, les coûts élevés pour la création d'activités dans le marbre, l'absence de communication, et de l'orientation des jeunes pour la création de ces activités, les difficultés d'accéder aux financements pour la création d'entreprises de marbre, la limitation de l'expérience du terrain et le manque, voire la vétusté des équipements pour l'extraction du marbre, sont autant d'autres problèmes énumérés par le SPL. Vers un partenariat avec les Italiens Ces spécialistes préconisent plus d'attention à cette filière créatrice de richesse, d'emplois et de développement de l'économie nationale. M. Bencherif souligne toute l'importance d'un partenariat gagnant-gagnant avec les Italiens qui ont affiché un intérêt certain pour ce marché, d'autant qu'ils disposent du savoir-faire et d'une expérience de très haut niveau, notamment dans le domaine des études géologiques. Car disposer de montagnes de marbre n'est pas suffisant encore faudrait-il les trouver et les exploiter de manière optimale. Le partenariat avec l'Italie consistera à produire, à vendre et à faire parvenir du matériel. Un vaste programme pour une meilleure coordination avec les Italiens s'impose, de même qu'un cadre réglementaire pour libérer les énergies est nécessaire. B. A.