Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, le mouvement populaire né le 22 février dernier n'est pas un hirak ou une version algérienne du printemps arabe mais bel et bien une «véritable révolution, très loin des connotations religieuses qu'on tente de lui attribuer». M. Kebci - Alger (Le Soir) - Lousia Hanoune, qui était, hier lundi, l'invitée du forum du quotidien Liberté, a affirmé qu'il y a des parties qui veulent surfer sur la vague en tentant de le dévier en muant cette révolution en cours en un printemps arabe à l'image de ce qui s'est passé au Yémen, en Libye ou encore en Egypte. Pour elle, l'Algérie est en train de vivre, depuis le 22 février écoulé, un «processus historique fruit de l'accumulation des privations, d'exclusion, de marginalisation, de la hogra et autres et dont le point de rupture fut incontestablement la candidature du président de la République à un cinquième mandat». Car, a-t-elle encore estimé, le peuple algérien a, jusqu'ici, fait preuve de «patience». Estimant que cette révolution «n'est pas islamiste et ne le sera pas», Hanoune a également répliqué à ceux qui soutiennent que ce soulèvement est l'œuvre de centres occultes, soutenant que cela relève d'un «mépris à l'égard de l'intelligence du peuple algérien». Et de recommander un «diagnostic juste à cette révolution», car «aucune erreur n'est permise», sous la forme de propositions «loin des aspirations populaires» exprimées lors des marches du vendredi mais également lors des marches sectorielles les autres jours de la semaine. Des «mobilisations sectorielles» qui participent grandement, selon Hanoune, à «conférer un contenu politique, économique, social et culturel» à cette révolution en cours à même de constituer un rempart contre les tentatives et autres manœuvres visant à pérenniser le système en place. La secrétaire générale du PT n'a pas manqué de réitérer son refus de la conférence nationale inclusive proposée par le président de la République. «C'est une tromperie en ce sens que les walis essaient d'y convier de pseudo-représentants de la société civile qui ne sont en fait que des militants du FLN et du RND», ajoutant que les acteurs du mouvement populaire «ne veulent aucunement d'un replâtrage». Une conférence à laquelle Hanoune préfère une autre démarche, celle de la constitution de comités populaires partout, au sein des universités, dans les usines, dans les administrations, dans les quartiers et les cités qui auront à établir des cahiers de doléances dont la synthèse sera faite par une instance nationale, fruit d'une élection à la base de délégués du mouvement. «Les comités populaires, c'est l'auto-organisation de la majorité pour conserver le caractère pacifique du mouvement, exclure et isoler les provocateurs et affirmer l'aspiration à la démocratie et non à un Etat islamique ou autre chose», affirme-t-elle. Hanoune ne voit pas, par ailleurs, d'un bon œil les appels lancés à l'armée par certains partis et personnalités de l'opposition. Une armée qui, selon elle, «ne peut jouer aucun rôle dans ce processus révolutionnaire» et qui doit se contenter d'accomplir ses missions constitutionnelles dont la sécurité nationale, celle de nos frontières, mais, aussi, de répondre à toute velléité d'ingérence étrangère». Elle a également estimé que l'empressement du pouvoir à aller vers l'élection présidentielle par son souci de demeurer encore à l'effet de «sauvegarder les prérogatives du Président, annonçant qu'un homme d'affaires a bénéficié récemment, dans le feu de cette révolution, d'un crédit bancaire de l'ordre de 100 millions d'euros. Ce qui prouve, on ne peut plus clairement, le caractère mafieux d'un pouvoir non démocratique dont la date de péremption remonte à octobre 1988». M. K.