Les «gilets jaunes» sont retournés dans la rue en France, hier, pour leur vingtième journée de mobilisation depuis plus de quatre mois, pour réclamer plus de justice sociale, en dépit des interdictions de manifester face à la crainte de nouveaux heurts. Depuis le début de ce mouvement inédit, le 17 novembre 2018, le président français concentre nombre des critiques pour sa politique jugée trop favorable aux Français les plus aisés. Ce mouvement social et apolitique, né sur les réseaux sociaux, est entré en fronde contre la politique fiscale et sociale du gouvernement Macron. A Paris, quelques milliers de «gilets jaunes» défilaient dans le calme, après avoir rejoint un rassemblement contre la fin de la trêve hivernale des expulsions. Tous devaient rallier la place du Trocadéro dans l'après-midi. Echaudée par de nouveaux saccages sur les Champs-Elysées il y a deux semaines, la préfecture de police de Paris a de nouveau interdit les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l'Elysée et l'Assemblée nationale. Face au lourd dispositif policier déployé à Paris, les autorités craignent une délocalisation des heurts dans les villes de province. A Bordeaux, l'un des bastions du mouvement, des centaines de «gilets jaunes» ont commencé à converger en début d'après-midi. Nombre de magasins ont baissé rideau, leurs devantures protégées par des contreplaqués. Vendredi, le nouveau maire, Nicolas Florian, a décrété une journée «ville morte», se disant «très inquiet de ce qui pourrait se passer». Dans le centre de Toulouse, plusieurs centaines de personnes étaient présentes au départ de la manifestation. La préfecture a renouvelé son interdiction de manifester sur une place du centre. Une manifestation devrait également avoir lieu à Nice, où, la semaine dernière, Geneviève Legay, 73 ans, porte-parole de l'association altermondialiste Attac, a été blessée dans une charge des forces de l'ordre. Samedi dernier, 40 500 personnes ont manifesté en France, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés par les «gilets jaunes», dont le propre comptage a recensé 127 212 manifestants dans le pays. R. I.