La mobilisation des "gilets jaunes" à travers la France semblait marquer le pas samedi en début d'après-midi, avec seulement quelques milliers de manifestants à Paris, sans répétition des violences des derniers samedis. Ce cinquième samedi de mobilisation représentait un test pour le président Emmanuel Macron, vilipendé dans les manifestations, qui avait lancé vendredi un appel à un retour au "calme", à "l'ordre" et à "un fonctionnement normal" du pays. 33.500 personnes ont manifesté à travers la France, a indiqué le ministère de l'Intérieur vers 15h00 (14h00 GMT), contre 136.000 les samedis 1er et 8 décembre. A Paris, ils étaient "moins de 3.000", contre 10.000 il y a une semaine, selon la préfecture de police. Les rassemblements se déroulaient pour le moment largement dans le calme, contrairement aux violences des derniers samedis. 95 interpellations dont 63 gardes à vue avaient été effectuées, loin des 598 interpellations et 475 gardes à vue annoncées la semaine dernière au même moment, selon la même source. En région, on comptait jusqu'à dix fois moins de participants que lors du précédent samedi, sauf à Toulouse (sud-ouest), où des scènes de grande violence avaient été observées la semaine dernière et où 850 gilets jaunes manifestaient dans le calme, selon la préfecture. Un chiffre "à peu près identique à (celui de) samedi dernier". A Lyon (centre-est), une des plus grandes villes de France, ils n'étaient qu'une centaine rassemblés devant le Palais de Justice. "J'ai honte d'être Lyonnaise (...) quand on voit concrètement combien de personnes il y a dans la rue, je vous le dis honnêtement, je n'ai qu'une envie c'est de poser le gilet. On est moitié moins de ce qu'on était la semaine dernière (...). On ne peut pas continuer avec si peu de monde mobilisé", déplorait une manifestante lyonnaise. De nombreux blocages s'étaient malgré tout poursuivis samedi et la nuit précédente. Vendredi en fin de journée, un conducteur a été tué dans le nord de la France à la frontière belge en percutant un camion arrêté par un barrage de "gilets jaunes". Il s'agit du septième mort en marge des manifestations. "Peut-être que le mouvement va s'essouffler dans les rues, mais il ne s'essoufflera pas dans les têtes", assurait Lorenzo Gennaro, 34 ans, parmi 150 gilets jaunes rassemblés dans le calme à Grenoble (sud-est). Même moins nombreux, les "gilets jaunes" restaient très revendicatifs. "Nous sommes remplis de colère", a lancé lors d'un sit-in devant l'Opéra Garnier à Paris l'une des figures du mouvement, Priscillia Ludosky. Un autre manifestant a réitéré la demande que "la souveraineté" soit "rendue" au peuple, avec l'établissement d'un référendum d'initiative citoyenne, grande revendication des "gilets". «On ouvre» A Paris, où les scènes de guérilla des samedis précédents avaient fait le tour du monde, des véhicules blindés avaient été une nouvelle fois stationnés dans la rue et 8.000 membres forces de l'ordre mobilisés, tandis que les façades de banques et de magasins étaient recouvertes de contreplaqué. "C'est triste", résumait un touriste venu de Bretagne, Alain Burgun, 65 ans. Mais, signe que la tension retombe un peu, la Tour Eiffel, les musées du Louvre, d'Orsay et le Grand palais, fermés le samedi précédent, restaient ouverts, tout comme les grands magasins à l'approche de Noël. "C'est calme. Ce n'est pas ce que la télé montre", se félicitait une touriste belge, Tracy Montaigne, 26 ans, venue de Mouscron, devant les vitrines de Noël des Galeries Lafayette, restées ouvertes. Les cafés étaient également ouverts pour tenter de combler le manque à gagner lié aux fermetures des samedis précédents qui pèsent lourdement sur l'économie: la croissance, déjà faible en France, sera inférieure aux prévisions. "Mon patron m'a dit +on ouvre+, donc on ouvre", résumait Laurent, serveur au Café des Phares, place de la Bastille, qui avait fermé le samedi précédent. Environ 69.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés à travers la France, contre 89.000 une semaine auparavant. Les appels à ne pas manifester s'étaient multipliés, au sein de la classe politique mais également par certains "gilets" modérés, après l'attentat djihadiste de Strasbourg mardi qui a fait quatre morts. Face à la fronde populaire, le gouvernement espère une baisse du soutien de la population, au départ large avant de s'amenuiser après les violents débordements. Le président Macron a fait une série de concessions aux "gilets jaunes", dont la plus emblématique porte sur une hausse de 100 euros des aides sociales versées à ceux qui touchent le salaire minimum. Mais ces mesures ont été diversement reçues par le mouvement qui réclame plus de pouvoir d'achat.